Dans toute société, il y a ceux que tout le monde connaît bien, du fait de leur notoriété ou de leur fonction, et il y a ceux qui, dont le quotidien contribue à faire rayonner davantage les autres, mais qui restent néanmoins dans l’ombre tout en étant pétris de talents divers jusqu’au jour où un hasard les met en lumière.
Modeste Amétodji fait partie de cette seconde vague de personnes exceptionnelles au talent inouï, mais inconnues du grand public. À la baguette de AyanaCréa, cette jeune fille, est aussi bien talentueuse que surprenante, de la trempe de ceux qui voient au-delà des objets, trimballant partout sa vision sans compromis. Elle transforme n’importe quoi (ou presque) en accessoires de mode sous fond de textile africain. Ses créations frôlent l’inédit tant elles débordent de créativité et d’imagination. Parmi une armada de marques leaders dans le domaine du prêt-à-porter et des accessoires de mode, elle se fraye peu à peu un chemin. Le temps d’une fin d’après-midi, légèrement pluvieux, sous un hangar, Modeste Amétodji se confie, pour sa première, à la rédaction de L-Frii.
Une enfance pas comme les autres
La valeur n’attend point le nombre d’années, dit-on. Ces mots résument bien l’enfance de Modesta Amétodji. Depuis toute petite, elle a gardé un penchant pour tout ce qui est coloré et le pagne africain est, pour elle, une parfaite illustration, car il dénote une foisonnante palette de couleurs.
« En grandissant, j’étais attiré par les pagnes africains, le headwraping ou toute autre chose qui en contenait, ce qui m’a permis d’avoir un regard particulier sur la mode et le cinéma. Ainsi, en voyant les accessoires déjà sur le marché, les importés de la Chine, et les créations de certaines marques populaires, je me suis dit pourquoi ne pas faire ressortir la créativité qui dort en moi et me faire connaitre, moi aussi. Tout est parti de là. », se souvient l’artiste.
Elle était toujours animée par l’envie de s’approprier tout ce qu’elle touche en y associant tant son intellect que son cœur. « Ma plus belle création sera toujours la première, je m’en rappelle tous les jours. C’est un collier que j’ai réalisé à partir d’une ardoise en plastique, d’un gobelet que j’ai transformé en une demi-lune et d’un fil en laine, j’ai parsemé le tout avec du pagne et hop, me voilà avec un joli collier. »
Il a fallu quand même polir le diamant brut, comme elle le souligne : « J’ai suivi une formation de deux heures, c’était vite fait (Rires). Parce que moi-même j’imaginais déjà comment est-ce que je devais jumeler ceci et cela pour avoir le résultat escompté. J’avais besoin d’une connaissance supérieure pour me transmettre les basiques du métier. En moins de deux heures donc j’ai appris une, deux ou trois choses et pour le reste, j’essaie de faire valoir moi-même ma créativité et mon imagination »
Son Afrique unie au service de l’art.
« Ma source d’inspiration générale est l’Afrique et plus particulièrement la femme africaine. Je me balade énormément sur les réseaux sociaux et dans mes fils d’actualités, la femme africaine est souvent mise en avant, ou la spiritualité africaine, ou encore les masques d’origine africaine. J’en tire ma propre essence ; cela m’aide à imaginer ma future création et y transvaser mon Afrique, notre Afrique » confie-t-elle.
Même si le bonheur se trouve au sommet de la montagne, l’important c’est la façon de la gravir. Raison pour laquelle, Modesta Amétodji veut gravir les échelons en amenant le plus de personnes dans son sillage. « J’ambitionne arriver au sommet de la pyramide, et ce, avec mes sœurs qui n’y sont pas arrivées ou pas encore » dit-elle, avant de poursuivre, « nous nous devons de tous mettre la main à la patte et s’aider mutuellement à atteindre nos objectifs personnels. Tout le monde peut être heureux mais tout le monde ne peut pas avoir des millions sur son compte en banque car les cinq doigts de la main ne sont pas égaux. Et si chacun y met du sien, on peut arriver à un développement, à un Togo et à une Afrique, en somme des idéaux »
Il faut sortir les crocs de l’imagination pour survivre dans cette jungle
« Nous sommes, peut-être, 7 millions de Togolais et la moitié fait la même chose, d’une façon ou d’une autre, je me dois alors de me démarquer, par peur de répéter ce que les autres ont fait. J’ajoute toujours ma touche particulière. Si c’est, par exemple, des boucles d’oreilles de type rond qui se font en général, il faut que j’ose faire quelque chose de triangulaire… il y a plein de potentiel dans la nature à partir de laquelle je m’inspire. Ma particularité est que j’allie amour, passion et l’Afrique. »
La famille et ses amis sont et demeurent sa plus grande force. « A certains moments, j’ai bien envie d’abandonner et de tout lâcher mais ils m’encouragent à continuer parce que je fais un bon travail. Ce sont, d’ailleurs, les premiers à partager mes créations, à en parler autour d’eux. Les gens viennent comme ça pour commander mes créations. Et petit à petit j’arrive à survivre dans cette jungle. La plupart des commandes que je reçois sont via un ami ou Facebook, Instagram ou encore WhatsApp. Ces derniers ont joué un rôle essentiel dans la façon de me faire vendre auprès des clients… Ce que je fais est une quête perpétuelle de l’inspiration et c’est avant tout ma passion au-delà d’être mon gagne pain. »