À plusieurs reprises, les chefs d’Etat russes se sont démarqués de leurs prédécesseurs. Nikita Khrouchtchev s’est empressé de démolir le culte de Joseph Staline, Boris Eltsine a rompu avec la politique de Mikhaïl Gorbatchev et Vladimir Poutine (2000-2008 et 2012 – ?) a brutalement renoncé au rapprochement avec l’Occident.
Quoiqu’on dise, Vladimir Poutine aura marqué la Russie comme peu de présidents avant lui. D’après l’historien, politologue et expert britannique de la Russie Mark Galeotti, ceux qui espèrent lui succéder attendent patiemment leur moment, dans l’ombre. Pour l’instant, Poutine ne doit pas craindre un éventuel coup d’État. Une analyse rapide des forces de sécurité suffit à s’en rendre compte, analyse Mark Galeotti. Selon les experts, le président russe a mis en place toutes sortes de soupapes de sécurité pour étouffer l’opposition de l’intérieur.
Dans la capitale, le FSB (successeur du KGB), le FSO (protection du président et des autres dirigeants du Kremlin) et le FSVNG RF (la garde nationale) ont chacun leurs propres unités d’élite, lourdement armées, qui veillent au grain. Il parait impossible de renverser le pouvoir sans la collaboration de ces services de sécurité. D’ailleurs, ils ont été principalement mis en place pour se contrôler mutuellement. Le FSO a également mis en place un système d’écoute généralisé, afin d’intercepter toute tentative de putsch. Ancien du KGB, Vladimir Poutine a tout mis en œuvre pour éviter de perdre le pouvoir.
Mais supposons que le président russe soit réellement malade et doive démissionner de son poste ou que la guerre en Ukraine et ses conséquences deviennent incontrôlables à un point tel que la rue le fasse partir. Qui le remplacerait au Kremlin ?
Le Premier ministre
Le premier nom sur la liste est logiquement celui du Premier ministre actuel, Mikhaïl Michoustine, 56 ans. Cet ancien chef du département des impôts est un proche de Poutine, avec qui il partage la passion du hockey sur glace. Néanmoins, c’est en général le Premier ministre qui saute le premier lorsque les choses vont mal en Russie.
Le Faucon
Vient ensuite le secrétaire du Conseil national de sécurité, Nikolaï Patrouchev, 70 ans, bras droit de Vladimir Poutine et plus “faucon” que le président lui-même. Tous deux sont passés par le FSB, tous deux viennent de Saint-Pétersbourg, qui s’appelait alors Leningrad. Patroutchev méprise l’Occident, même s’il est étroitement lié à des oligarques qui y ont des intérêts.
Le maire
Le populaire maire de Moscou, Sergueï Sobianine, 63 ans, pourrait bien déménager au Kremlin en cas de départ de Poutine. Ami du président en fonction, il a transformé la capitale en une ville moderne. Il pourrait compter sur son bilan positif en tant que maire pour briguer la présidence. Revers de la médaille : Moscou perdrait son maire et la population, impactée par les sanctions économiques, pourrait élire un opposant.
Les étoiles montantes
Les spécialistes de la Russie ont noté l’ascension de deux hommes ces dernières semaines. Tout d’abord, celui d’Alexeï Dioumine, 49 ans, l’homme fort de la province de Tula (à 200 kilomètres au sud de Moscou) et ancien chef de la sécurité de Poutine. Ancien chef adjoint du GRU (la direction générale des renseignements), Dioumine a joué un rôle clé dans l’opération russe en Crimée en 2014. Actuel secrétaire d’Etat à la Défense, il est pressenti pour succéder au ministre Sergueï Choïgou dans un avenir proche.
Une autre étoile montante est Alexandre Kurohkov, 50 ans, le général du FSB promu le mois dernier au poste de ministre des situations d’urgence. C’est un proche confident de Vladimir Poutine et il se serait également distingué sur le front en Ukraine.
Avec 7sur7