Kiev a exigé le jeudi 24 février 2022 que la Russie soit exclue du système de messagerie interbancaire Swift, rouage essentiel de la finance mondiale. “Nous exigeons d’exclure la Russie de Swift et d’introduire une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine”, a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky après un entretien téléphonique avec Emmanuel Macron.
Mais qu’est-ce que ce système interbancaire Swift et pourquoi est-il si important ? Et quelles seraient les conséquences d’une exclusion de la Russie ?
Swift, c’est quoi ?
Swift signifie Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunications, comme le rappelle BFMTV. Basé en Belgique, ce système interbancaire est en fait une coopérative mondiale créée en 1973 par 239 banques de 15 grands pays.
Swift est un prestataire de service fait pour faciliter les grandes transactions financières. C’est un intermédiaire qui ne transfère pas de fonds, mais transmet l’information entre deux institutions financières lors d’une transaction.
Comme l’explique Yamina Fourneyron, professeure de sciences économiques à l’Université de Lorraine, à nos confrères de France 24 : “Swift est un intermédiaire informatique qui n’effectue pas des transferts de fonds, mais centralise les ordres de virement entre les clients de différentes banques”.
Ce réseau interbancaire regroupe aujourd’hui plus de 11.000 établissements financiers dans 200 pays et joue un rôle primordial “pour faciliter et sécuriser les grosses transactions”, assure Yamina Fourneyron. En 2021, le réseau a transmis environ 10,6 milliards d’ordres de paiement à travers le monde. Soit 42 millions d’ordres par jour et près de 500 chaque seconde.
Les conséquences d’une exclusion pour la Russie ?
Une exclusion de Swift déclencherait un net ralentissement de l’activité et des transferts financiers des banques russes avec leurs partenaires occidentaux. Les conséquences seraient “dévastatrices, particulièrement à court terme”, affirme le Carnegie Moscow Center.
“Après la déconnexion des banques iraniennes de Swift, le pays a perdu près de la moitié de ses revenus d’exportation de pétrole et 30 % de son commerce extérieur”, explique le groupe d’experts.
En 2014 lors du conflit en Crimée, le Royaume-Uni avait déjà menacé la Russie d’exclusion. Le ministère des Finances russes de l’époque avait estimé que l’application de cette menace aurait entraîné une baisse de 5 % du PIB du pays, comme le rappelle BFMTV.
“Une option” pour Bien
Le président américain Joe Biden a assuré jeudi que couper la Russie du réseau interbancaire Swift restait “une option” pour riposter à l’invasion de l’Ukraine.
Il a toutefois souligné qu'”actuellement cela n’était pas (une) position” partagée par les Européens, et assuré que les autres sanctions financières annoncées jeudi par les Etats-Unis et leurs alliés avaient “autant d’impact voire plus d’impact” que cette option, réclamée par l’Ukraine elle-même.