Le Noma, du grec “dévorer”, est une maladie gangreneuse qui se développe dans la bouche de ses victimes en leur rongeant le visage. Favorisée par des conditions de vie précaires et la malnutrition, cette “maladie de la misère” est surtout présente dans les pays de la région sahélienne.
Non contagieux, le Noma atteint principalement les enfants vivant dans la pauvreté, la malnutrition, l’insalubrité ou concernés par une mauvaise hygiène bucco-dentaire. Selon une étude de l’OMS réalisée en 1998, 140 000 personnes sont atteintes chaque année.
1 – Les enfants sont ses principales victimes. Ils sont généralement âgés de 2 à 6 ans, un pic de fréquence étant constaté chez les enfants de 3 ans. S’attaquant au système immunitaire, le Noma est aussi détecté chez les adultes atteints du VIH. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 70% à 80% des malades mourront.
2 – Une origine inconnue mais de nombreux facteurs. “La grande difficulté avec le Noma réside dans le fait que les chercheurs ne parviennent pas à isoler une bactérie responsable de la maladie”, avance la docteure Tapsoba, chirurgienne-dentiste et épidémiologiste spécialiste de la maladie. Toutefois, “certaines infections favorisent son apparition, précise t-elle, à l’instar du paludisme, la fièvre typhoïde, la varicelle, la rougeole…”
3 – L’Afrique est le continent le plus durement touché par le Noma mais on le retrouve aussi en Asie et en Amérique Latine. Cependant c’est en Afrique, particulièrement dans la région du Sahel, que sont répertoriés 80% des cas. Au 20e siècle, des cas de Noma furent signalés dans les pays occidentaux, en particulier dans les camps de concentration européens.
4 – Le Noma se développe en cinq étapes, qui peuvent s’étendre sur 10 à 21 jours. Il commence par des ulcérations buccales graves, s’accompagnant d’une très mauvaise haleine, caractéristique de la maladie. Ensuite, un œdème facial laisse rapidement place à une plaque gangreneuse dévorant le visage de l’enfant jusqu’à la phase de perte tissulaire. En cas de guérison, les victimes restent marquées par d’irréversibles séquelles tant fonctionnelles que morphologiques.
5 – Le coût du traitement du Noma varie entre 0,152 euros et 300 euros. Si la maladie est détectée assez tôt, son éradication reposera essentiellement sur un traitement antibiotique et des soins antiseptiques. Toutefois, en cas de diagnostic tardif, la prise en charge de la maladie peut aller jusqu’à la chirurgie réparatrice et coûter trop cher aux familles des victimes.
De nombreuses ONG contribuent à l’éradication de la maladie et prennent en charge des malades en concentrant leurs efforts au Sahel. « L’un de nos principaux défis tient à la sensibilisation des personnes », admet toutefois Nicolas de Saint Pierre, membre de l’association Vaincre le Noma, qui intervient au Burkina Faso. En effet, s’ajoute à la gravité de cette maladie le fait que certaines familles rejettent encore ou cachent leurs enfants touchés, associant l’infection à une malédiction.
JeuneAfrique