Uriner est un processus de nettoyage naturel du corps auquel on accorde trop peu d’importance. Nombreux sont ceux qui en négligent les bienfaits et qui parfois, se retiennent jusqu’à ne plus tenir. Soit parce que le moment n’est pas opportun, soit parce que les toilettes ne sont pas à proximité.
Pourtant, se retenir plus de 10 à 15 minutes d’uriner est fortement déconseillé. Au-delà de ce délai et si le processus est répété régulièrement, les conséquences sur la santé peuvent être graves.
Se retenir d’uriner favorise la stagnation de bactéries
Se retenir d’uriner fréquemment et longtemps provoque en effet une stagnation de l’urine et une accumulation de bactéries dans la vessie qui peut être à l’origine d’une infection urinaire (aussi appelée cystite).
Très fréquente chez les femmes – on estime que 2% à 3% d’entre elles auraient une cystite chaque année -, cette infection qui se propage dans le tractus urinaire engendre une envie persistante d’uriner, des douleurs abdominales et de terribles brûlures au moment de la miction. Car en plus de l’eau que l’on consomme, l’urine contient toutes les substances de déchets dont le corps n’a plus besoin et que les reins ont filtrées (oxalate de calcium, phosphate de calcium, cystine, acide urique…).
Plus précisément, la vessie contient les liquides consommés, des petits résidus, ainsi que des substances acides et ammoniaques. Si ce mélange n’est pas évacué régulièrement, il peut endommager les parois du tractus urinaire, détendre les muscles de celle de la vessie et augmenter les risques de faire de la rétention urinaire – lorsqu’on ne parvient pas à uriner malgré l’envie – ce qui à terme peut nécessiter la pose d’une sonde urinaire.
En 2015, Joshua Meeks, médecin urologue au centre Northwestern Medicine (Etats-Unis), décrivait justement le cas d’un soldat qui avait perdu connaissance après avoir gardé l’équivalent de trois bouteilles de vin dans la vessie, dans le magazine Men’ s Health. “L’organe s’est complètement distendu, expliquait-il. Le patient est devenu incapable d’uriner normalement, il a fallu lui planter un cathéter trois à six fois par jour dans le pénis.” Dans un cas pareil, avant de poser une sonde, le volume de la vessie a déjà augmenté et se remarque par une masse au-dessus du pubis.
Calculs rénaux, frissons, douleurs pelviennes
Se retenir d’uriner peut aussi occasionner la formation de calculs rénaux. Ces petits cristaux (appelés “lithiase urinaire” dans le jargon médical) se forment dans les reins, dans la vessie ou dans l’urètre. Leur taille est très variable et peut aller de quelques millimètres à plusieurs centimètres de diamètre. Lorsqu’ils sont petits, les calculs peuvent être éliminés par les voies naturelles et peuvent parfois entraîner la présence de sang dans les urines.
Mais lorsqu’ils sont importants et qu’ils se forment dans des conduits de petite taille comme les uretères, situés entre les reins et la vessie, ils peuvent facilement obstruer le passage et provoquer de très fortes douleurs. On appelle ce phénomène la colique néphrétique. Une colique néphrétique est une douleur intense siégeant le plus souvent dans la région lombaire, d’un côté du dos, mais parfois au niveau du ventre ou de l’aine. La principale complication de la colique néphrétique est la surinfection des urines et du rein (pyélonéphrite), du fait de la stagnation des urines et de la distension des voies urinaires en amont du calcul, ce qui expose à une infection généralisée (septicémie). On estime que 5% à 10% des personnes ont des calculs rénaux au cours de leur vie et que la moitié d’entre elles en auront de nouveau 10 ans après, tant le manque de prévention est important. Globalement, les calculs rénaux sont deux fois plus fréquents chez les hommes et surviennent souvent après 40 ans.
Se retenir d’uriner peut également entraîner un reflux vésico-urétéral, une maladie assez grave qui apparait lorsque l’urine, au lieu d’être expulsé, retourne dans l’urètre et les reins. Comme le précise l’Association française d’urologie, “l’’intervention consiste alors à remodeler l’implantation de l’uretère dans la vessie en injectant un implant dans la paroi vésicale. Cette modification restaure un mécanisme anti-reflux”.
Le patient peut être traité par antibiotiques pour “limiter le risque d’infection urinaire et donc d’infection du rein. Néanmoins, il ne traite pas le reflux lui-même”. Alors il y a le traitement chirurgical par “création d’un anti-reflux après ouverture de la vessie et dissection de l’extrémité d’un ou des deux uretères”. Les toxines et les bactéries stockées dans la vessie peuvent également provoquer des sueurs, des frissons, des crampes et des douleurs pelviennes.
Les dangers d’une nouvelle pratique sexuelle
Se retenir d’uriner est également devenu une pratique sexuelle dangereuse appelée “Peegasm”. Elle consiste pour les femmes à se retenir d’uriner le plus longtemps possible, ceci procurerait un orgasme intense une fois l’envie pressante soulagée. Une pratique qui reposerait sur la proximité du clitoris, du vagin et du canal excréteur de la vessie, l’urètre, et de la stimulation du clitoris et de ses branches lorsque le col de la vessie s’ouvre pour laisser passer cette grande quantité d’urines.