Le moyen de contraception hormonal le plus utilisé au Sénégal serait les implants. Cette méthode hormonale séduit 68,3% des femmes qui recourent à la planification familiale, révèle Sina Diop, sage-femme d’État et membre de l’Association nationale des sages-femmes d’État. Un chiffre qui place cette technique au sommet des préférences nationales.
Le dispositif intra-utérin occupe la deuxième position avec 61,4% d’acceptation. Les injectables complètent le podium à 50,4%. « Voilà les méthodes que les femmes utilisent le plus en matière de contraception », précise la praticienne lors du forum communautaire organisé ce mercredi 24 septembre 2025 sur le thème « Médias et communautés en synergie pour une planification familiale inclusive et éclairée ». Bref, l’arsenal contraceptif moderne séduit les Sénégalaises.
Ces statistiques révèlent pourtant un paradoxe national. Seulement 26% des femmes en âge de procréer utilisent la planification familiale au Sénégal en 2023, selon les données de l’Enquête démographique et de santé continue. L’objectif gouvernemental vise 46% en 2028. Un écart considérable persiste entre les intentions politiques et la réalité du terrain.

Les hommes absents du processus de discussion sur la contraception
L’absence masculine constitue un frein constant. « Il faut comprendre que la santé de la reproduction, ce n’est pas seulement les femmes », souligne Sina Diop. Cette situation traumatise particulièrement les femmes confrontées à l’infertilité, car « la société sénégalaise pointe du doigt la femme » alors que « pour traiter l’infertilité, il faut voir le couple ».
Le manque d’éducation sexuelle explique cette frilosité masculine. « On ne parle pas de la sexualité dans nos sociétés, c’est un sujet important », déplore la sage-femme. Cette omerta familiale nourrit les préjugés et freine l’adoption des méthodes contraceptives modernes.
Les réseaux sociaux amplifient le phénomène. « Des gens qui ne maîtrisent pas le sujet font de la désinformation pour avoir des vues et, malheureusement, beaucoup tombent dans leur piège », regrette Sina Diop. Ces rumeurs digitales contrecarrent les campagnes de sensibilisation officielles, malgré leurs résultats encourageants.
La riposte par l’information
Face à cette désinformation, la professionnelle contre-attaque. Elle a décidé « d’envahir les réseaux sociaux afin de donner la bonne information aux femmes ». Cette stratégie numérique vise à reconquérir l’espace informationnel accaparé par les charlatans.
Enfin, l’Enquête démographique et de santé continue de 2023 confirme une tendance positive : la demande totale en planification familiale atteint 46%, satisfaite à hauteur de 58% par des méthodes modernes. Ces chiffres encourageants contrastent avec les obstacles culturels et informationnels qui persistent dans la société sénégalaise contemporaine.