Binta raconte : ici au Sénégal, toute cette période charnière pour la femme africaine, du moins à l’époque de la naissance de mes filles (il y a plus de trente ans) était encore une affaire de femmes. Je crois que la pratique existe encore mais se perd peu à peu. Durant ces années-là, les hommes ne pouvaient même pas espérer participer (sourire). Ils n’étaient pas conviés. Les femmes de la famille du côté du mari s’occupaient de tout, et prenaient en charge le bien-être et le confort de la future maman.
Tout était fait pour faciliter la vie des futures mamans durant la gestation, et également après, lorsqu’elles sont devenues de jeunes mamans. Bon des fois, elles sont un peu envahissantes, mais c’est généralement fait avec bienveillance et souci de montrer son amour à la nouvelle venue qui vient d’offrir à tous un nouveau membre à la famille. La sororité par excellence. Je m’en souviens encore…
En début d’après-midi, je marchais dans les rues torrides de Dakar. Mon énorme protubérance à l’avant de mon corps m’empêchait de marcher avec féminité et grâce comme je l’aurai voulu mais qu’on me dévisage ou pas, je m’en moquais, j’étais enceinte. La sueur dégoulinait de mon dos et mouillait mes habits. Impossible d’échapper à la chaleur.