30 millions de jeunes arrivent sur le marché de l’emploi chaque année. Mais ce marché est devenu si restreint que seuls les plus chanceux ou ceux en mesure d’apporter une valeur ajoutée probante sont retenus dans un contexte devenu très concurrentiel.
Au Togo, grâce aux efforts des acteurs de divers ordres, les jeunes ont, pour la plupart, compris que le chemin pour la création de l’emploi et de la richesse est l’entrepreneuriat. Des efforts soutenus par l’Association des grandes entreprises du Togo (AGET) représentée à Nairobi (Kenya), lors du forum Stars in Africa les 6 et 7 mars derniers, par le Directeur Général de Maersk-Togo et d’Émergence Capital, Edem Kokou Tengue.
Au cours du panel, ‘Train and Undertake’ (former et entreprendre), il a partagé l’expérience du Togo avec les représentants des autres pays sur les moyens mis en œuvre par le Gouvernement togolais en général et l’Association des grandes entreprises du Togo (AGET) en particulier en termes d’accompagnement des jeunes dans leur parcours entrepreneurial.
Il était aux côtés de Pierre Arlaud, Directeur délégué de AGYP du Medef (patronat français) ; Ntaopane Tsepo, Directeur général de Corporate Affairs & Enterprise Business ; Pierre Magne, Président de la Commission Entrepreneuriat Jeune de la Confédération Générale des Entreprises de Côte d’Ivoire (patronat ivoirien) ; et Leticia N’cho Traoré, patronne d’Addict Group.
Il faut que « nous puissions créer une génération de success-stories et de jeunes entrepreneurs capables de tirer les autres vers le haut », a-t-il martelé. Cette génération se démarque d’ailleurs et se révèle être de jeunes qui sont passés de l’étape de simple idée à celle de jeunes entrepreneurs qui inspirent les autres à travers leurs expériences et leur réussite.
L’AGET, le fil conducteur du changement
Les difficultés rencontrées par la jeunesse entreprenante aujourd’hui sont de divers ordres, même si celui dont on parle le plus reste celui du financement et de la formation. D’une part, un grand déphasage est constaté entre la formation donnée dans nos universités et centres de formations et les besoins réels en termes de compétences pour pouvoir créer, monter et diriger une entreprise. D’autre part, trouver du financement pour une start-up reste un chemin de croix.
Pour M. Tengue, « les véritables limitations sont liées à la capacité de générer un bon projet et de le suivre. Il faut donc l’envie, l’initiative et aussi la formation. Avoir une bonne idée ne suffit pas ». Une approche que renchérit, Leticia N’cho Traoré, serial-entrepreneure ivoirienne, sur l’aspect financier : « Si, en tant que jeunes entrepreneurs, vous ne pouvez pas prendre le risque de votre entreprise alors ça ne vaut pas la peine. Même si vous n’avez pas d’argent, il faut commencer avec le très peu de moyens dont vous disposez ».
La solution peut être alors apportée par l’accompagnement dont le Togo est un cas d’école. Selon M. Tengue, « (…) Nous disposons à l’AGET des mentors, responsables de grandes entreprises qui accompagnent les jeunes entrepreneurs dans leur aventure ».
« (…) Les Directeurs des grandes entreprises composant l’AGET se sont rapprochés de l’Université de Lomé afin de participer aux Conseils d’Administration de ses instituts et facultés pour une meilleure orientation des curricula de formation et les besoins réels du marché et également une meilleure transition formation-emploi des étudiants», a-t-il indiqué. M. Edem Tengué est d’ailleurs membre du Conseil d’Administration de la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de l’Université de Lomé.
Aller au-delà des limites
Pour être entrepreneur, il faut avoir la volonté d’agir et capable de prendre des risques, parce que l’entrepreneuriat est une aventure. Sanogoh Stella, entrepreneure ivoirienne, Directrice générale de Voyelles Editions, présente au cours de ce forum à Nairobi, l’a appris à ses dépens. « On nous parle d’entrepreneuriat, mais on ne nous dit pas combien c’est violent. Combien c’est difficile, et combien ça tente de tout arrêter ! ».
Pour Leticia N’cho Traoré, l’idée de base qui doit conduire un entrepreneur est celui de « (…) vouloir répondre à un besoin ». La plupart des entreprises qui sont aujourd’hui au faîte du monde ont pour cœur de métier, l’apport de réponses à des préoccupations précises. L’innovation de chaque entrepreneur réside dans la capacité à rendre cette volonté de rendre service, ou de répondre à un besoin, vendable et rentable, a-t-elle indiqué.
Au Kenya, des startups ont su se démarquer en apportant des solutions ciblées aux besoins en électricité ou même à l’accès aux tickets de divers ordres grâce aux téléphones mobiles comme c’est le cas de la start-up Mobiticket développée par des jeunes kenyans. Ces derniers ont d’ailleurs reçu le prix “Coup de cœur du jury” lors du forum. C’est dans cette logique pratique que doivent s’inscrire les entrepreneurs africains, ont unanimement reconnu les membres du panel.
Quant à la quête de financement, ils doivent être plus innovants. Il existe plusieurs façons de lever du financement lorsqu’on est entrepreneur aujourd’hui, a laissé entendre Ismaël Tanko, promoteur de la purée de tomates ‘Tanko Timati’, également présent à Nairobi pour ce forum. Il a partagé son expérience de levée de fonds à travers le crowdfunding et l’ouverture de capital.
Des initiatives qui encouragent
Dormir sur ses lauriers ou éviter de se battre pour la réalisation de son projet est la pire des choses qui peut arriver à un jeune entrepreneur. Il est donc important pour chaque jeune entrepreneur, de s’auto-former et être en contact avec des personnes qui se sont lancées dans l’aventure afin de s’encourager entre eux et créer au besoin le déclic pour ceux qui ont la volonté, mais peinent à se lancer, a confié Leticia N’cho Traoré.
Au Togo par exemple, des initiatives comme le ‘Jeudi j’Ose’ développé par le FAIEJ ou des actions du ministère du Développement à la base vont dans le sens de cet encouragement à l’entrepreneuriat des jeunes. Des mécanismes comme le PRADEB ou encore le FAIEJ apportent les formations, les accompagnements et les financements aux jeunes entrepreneurs dans leurs diverses initiatives entrepreneuriales.
L’entrepreneuriat étant une aventure, les méthodes d’accompagnement des jeunes se multiplient qu’on soit dans un pays ou dans l’autre. En Côte d’Ivoire, la CGECI a pris sur elle d’accompagner les porteurs de projets viables.
Au cours du panel, le président de la Commission Entrepreneuriat Jeune, M. Pierre Magne, a confié que cet accompagnement va au-delà de la simple rédaction du plan d’affaires. La CEGCI a, pour ce faire, pris sur elle « (…) de faire de ces entrepreneurs qu’ils accompagnent, des managers pour qu’ils n’échouent pas et qu’ils puissent conduire de façon pérenne leurs projets ».
Le mentorat des jeunes, de par son soutien aux jeunes entrepreneurs, est un des mécanismes les plus importants pour la croissance des startups. Ainsi, comme c’est le cas avec l’AGET au Togo, à la CEGCI, les jeunes disposent de mentors, qu’ils peuvent consulter dans la prise de toutes les décisions qui concernent leurs entreprises. Cette mesure a contribué au développement des activités des entrepreneurs comme le jeune Aboubacar Diallo, promoteur de la start-up Investiv et Stella Sanogoh. Un soutien qui leur a permis la croissance de leurs activités et le dédoublement de leurs chiffres d’affaires.
Que l’on soit au Togo, en Côte d’Ivoire, aux Seychelles ou même en France, les réalités entrepreneuriales ne sont pas aussi éloignées les unes des autres. Il incombe alors à chaque jeune qui veut se lancer dans l’aventure entrepreneuriale, de prendre conscience des réalités inhérentes à son milieu, de l’adapter et surtout d’avoir des idées d’entreprises bien ficelées. Car comme le soutient le Directeur de la société togolaise d’apporteurs d’affaires dans la zone Uemoa, Emergence Capital, Edem Kokou Tengue, « une simple idée ne fait pas de votre projet une entreprise rentable, fiable et bancable. Mais c’est tout l’écosystème autour de cette idée et votre engagement à la porter qui fait la différence».