Steve Beko envoie une lettre ouverte à madame Simone Ehivet

Credit Photo : DR

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L’écrivain et Secrétaire National Technique du PPA-CI, Steve Beko, n’a pas apprécié la déclaration de madame Simone Ehivet suite à la proclamation des résultats du scrutin du 25 octobre 2025.

« LETTRE OUVERTE À MADAME LA PRÉSIDENTE SIMONE EHIVET
NON, MADAME LA PRÉSIDENTE, VOUS N’AVEZ PAS LE DROIT DE DIRE CELA !

Madame la Présidente,

Je fais partie de ces Ivoiriens qui, depuis le début de ce qu’on pourrait appeler le processus électoral, se sont volontairement abstenus de critiquer votre démarche ou vos choix politiques.

En votre qualité de présidente d’un parti, vous êtes libre de vos options et ne devez en répondre qu’à vos militants. Mais votre déclaration, à la suite de la publication des résultats du scrutin, ne peut rester sans réaction. Vous y affirmez notamment :

« Une opposition divisée dont une partie a créé un climat de peur et de violence. (…) Malheureusement, certains acteurs ont privilégié leurs calculs personnels, leur égoïsme et la division, au détriment de l’intérêt du pays. Cette fraction de l’opposition s’est employée à créer la peur, la psychose et la violence, décourageant des millions d’Ivoiriens d’aller voter et offrant ainsi sur un plateau d’or à Alassane Ouattara un quatrième mandat, qu’ils prétendaient pourtant combattre. (…) »

Madame la Présidente,

Ces propos me choquent, car ils semblent justifier la répression brutale, physique et judiciaire qui s’abat aujourd’hui sur ceux qui ont choisi de ne pas participer à une élection qu’ils jugeaient biaisée et illégitime.

Il y a quelques mois encore, vous-même dénonciez ces imperfections, affirmant que même unis derrière un seul candidat, les partis d’opposition ne pouvaient espérer l’emporter avec une telle Commission électorale « indépendante ».

Que vous ayez changé d’avis, soit. Mais vous ne pouvez reprocher à d’autres d’avoir conservé la position que vous défendiez vous-même hier, d’autant que les résultats vous donnent tort puisque vous avez perdu, et lourdement.

Je peux comprendre votre déception, Madame la Présidente. Je peux comprendre votre amertume face à des alliés qui vous avaient promis une couverture complète des bureaux de vote. Je peux comprendre votre désarroi devant ceux qui vous ont confortée dans l’idée que garder le nom “Gbagbo”, à lui seul, suffirait à rallier les foules. Mais je ne puis accepter que vous accusiez l’opposition d’avoir orchestré la violence. En le disant, vous validez la répression, vous cautionnez les arrestations et vous légitimez la peur.

Le 9 août dernier, des milliers de militants du Front Commun ont marché à Yopougon. Il n’y a eu aucun acte de violence. La preuve est faite que la violence ne vient pas du peuple, mais de ceux qui veulent l’empêcher de s’exprimer.

J’entends certains de vos partisans rétorquer que la marche était interdite. Mais votre propre histoire dément cet argument. N’avez-vous pas, vous-même, bravé des interdictions pour défendre la liberté et la justice ? N’étiez-vous pas l’une des figures du boycott actif de l’élection présidentielle de 1995 ? Faut-il alors dire que vous aviez orchestré la violence et que vous méritiez la prison ? Le 18 février 1992, vous avez subi la répression lors d’une marche pacifique. Étiez-vous pour autant responsable des violences subies ?

Madame la Présidente,

Vous êtes une militante respectable, courageuse, une figure marquante de notre histoire politique. Ne reniez pas ce qui a fait de vous une combattante de la liberté.
J’ai également lu avec surprise les propos de votre vice-président, Maître Ange Rodrigue Dadjé, déclarant revenir de la MACA où des jeunes « abandonnés » par le Front Commun seraient détenus. Mais n’est-il pas, lui, l’avocat du président du PDCI-RDA, le ministre Tidjane Thiam ? Avoue-t-il ainsi que son propre client est responsable des troubles que connaît notre pays ? Et qu’il abandonne lui-même ces jeunes à leur sort ? Quelle incohérence !

Madame la Présidente,

Je vous prie de m’excuser si la forme ou le ton de cette interpellation vous déplaît. Mais comme vous l’avez souvent enseigné, « un Homme doit savoir dire non quand il n’est pas d’accord. » C’est cette leçon que j’applique aujourd’hui.

Avec respect, mais sans concession.

Pour la vérité, pour la cohérence, pour la Côte d’Ivoire.

Que Dieu vous bénisse », a écrit Steve Beko dans sa lettre à madame Simone Ehivet.

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