Pas de chambre numéro 13 dans les hôtels, pas de place numéro 13 dans certains avions voire pas d’étage numéro 13 dans de nombreux immeubles. Pourquoi la superstition qui entoure le vendredi 13 est si puissante ? 20 Minutes éclaire notre lanterne là-dessus ! Mais avant apprenons que la peur du vendredi 13 a un nom : la paraskevidékatriaphobie, la superstition liée au nombre 13 étant la triskaïdékaphobie.
L’histoire de Jésus
« Le noyau de cette superstition, c’est l’histoire chrétienne et plus particulièrement l’histoire de Jésus », décrypte Stéphanie Wyler, maîtresse de conférences en histoire et anthropologie des mondes romains à l’université Paris-Diderot. Lors du dernier repas du prophète chrétien, 13 convives étaient attablés. Le treizième apôtre était Judas qui a ensuite trahi Jésus. Arrêté, le Messie aurait, lui, été exécuté un vendredi. « A l’époque, les calendriers ne fonctionnaient pas de la même façon, tout ceci a été reconstitué », souligne toutefois Stéphanie Wyler. La mort du messie chrétien pourrait donc être intervenue un autre jour. D’autant que « le vendredi 13 n’a aucune valeur dans les religions officielles, c’est plutôt une vérité alternative, des puissances négatives – ou positives – associées à une journée », précise l’historienne.
La poésie des nombres
Dès l’Antiquité, le 13 avait une « valeur particulière » et s’imposait comme un « contrepoint du 12 », nombre considéré comme un nombre parfait : 12 constellations du zodiaque, 12 mois de l’année, 12 heures du jour et de la nuit, 12 travaux d’Hercule, etc. « C’est une opposition des chiffres maniables et non maniables. Le 12 est divisible et intéressant mathématiquement alors que le 13 n’est divisible que par lui-même », explique Stéphanie Wyler.
Le manque d’attrait mathématique du chiffre 13 a son importance à l’époque antique durant laquelle les philosophes sont bien souvent mathématiciens, à l’instar de Pythagore et de son fameux théorème qui hante de nombreux Français. « Les philosophes grecs réfléchissaient à la symbolique des nombres », abonde l’enseignante-chercheuse. Indomptable, ce nombre premier ne plaît pas à tous les amoureux des chiffres.
A chacun son chiffre de mauvaise fortune
En Asie par exemple, le chiffre quatre est particulièrement détesté. Sa prononciation est proche du mot « mort » en Chinois et en Japonais, il est donc souvent exclu des étages et parfois même des étals où l’on préfère écrire « 3 + 1 yuans » plutôt que quatre. Si aux Etats-Unis, le chiffre 13 est particulièrement marqué par le sceau de l’infamie comme au Royaume-Uni où les propriétés situées au numéro 13 se vendent moins cher que leurs voisines, ce n’est pas le cas chez nos voisins italiens.
Le 17 a toute l’attention là-bas ! Aussi un nombre premier, il est l’anagramme de « Vixi » en chiffre romain, un mot qui signifie « j’ai vécu » et, donc, par extension « je suis mort ». « La place 17 n’existe pas dans les avions italiens », souligne Stéphanie Wyler. Au pays de la Dolce vita, on redoute donc les vendredis 17.
Ces vendredis 13 noirs
Pour les triskaïdékaphobes (ceux qui ont peur du nombre 13), les évènements tragiques qui lui sont liés alimentent leur angoisse. L’un des plus connus est celui de la mission Apollo-13 qui, non content de porter le chiffre honni directement dans son nom, a décollé en 1970 à 13h13 précisément. Un réservoir d’oxygène a explosé et provoqué l’abandon de la mission – mais l’équipage est heureusement rentré sur Terre sain et sauf.
Le vendredi 13 octobre 1307, le roi français Philippe le Bel fait arrêter et torturer les Templiers, un évènement qui anéantira l’ordre. Dans l’histoire récente, on peut aussi citer le vendredi 13 novembre 2015, jour des attentats de Paris au cours desquels 130 personnes ont été tuées ou encore le naufrage du Costa Concordia, le vendredi 13 janvier 2012 qui a coûté la vie à 32 personnes.
« Un peu de liberté sur l’incompris »
On raconte aussi que de grandes figures occidentales partageaient cette superstition. Ainsi, Napoléon Bonaparte aurait toujours refusé de participer à des dîners qui rassemblaient 13 convives et Franklin D. Roosevelt comme Winston Churchill n’auraient jamais voyagé un vendredi 13.
Au tarot, la 13e carte est celle de « l’arcane sans nom » ou, plus simplement, de « la mort ». A l’inverse, les jeux de hasard en font un argument marketing. Pour la Française des jeux, vendredi 13 rime avec grosses cagnottes. Que l’on pense qu’il nous porte chance ou malchance, la symbolique de ce jour peut être rassurante. « Ni le religieux, ni le scientifique n’expliquent tout jusqu’à présent donc on garde cet “autre chose” qui reste à l’appréciation de chacun : un peu de liberté sur l’incompris », conclut Stéphanie Wyler.