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Suspension du Prof Loada par le CAMES : la version des faits par le ministère de l’Enseignement supérieur burkinabè

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A la demande du secrétaire général du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (CAMES) de suspendre le Pr Augustin Loada des travaux de la 41ème session du CAMES, le ministère de l’Enseignement supérieur burkinabè a opposé son refus. Le CAMES a quand même décidé de sa suspension sans l’aval du conseil des ministres et du comité d’éthique. Chose qui a amené la délégation burkinabé à boycotter la session dans son ensemble. En vue de rassurer les candidats à ladite session, le ministre Pr Alkassoum Maïga les a rencontrés le jeudi 11 juillet 2019. Voici la version qu’il leur a livrée.

« Depuis 2018, nous avions donné la liste de nos représentants au niveau du CAMES pour un mandat de trois ans. Au niveau du comité technique spécialisé des sciences juridiques et politiques (CTS/SJP), c’était le Pr Augustin Loada. Lorsqu’on a transmis la liste, le docteur Abdoulaye Soma est passé me voir pour dire qu’il souhaiterait que le nom de Loada soit retiré de la liste, avec ses raisons à l’appui. Après examen des raisons, il était conclu que le Pr Loada reste à sa place.

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Arrivé à Niamey, le Secrétaire général du CAMES a tout fait pour l’empêcher de se présenter pour être candidat du CTS. Depuis lors, les séries de problèmes se sont enchainées. A l’approche de la session de Bangui, le professeur Napon qui était le représentant du CAMES est passé me voir, pour souhaiter que le nom de Loada soit retiré parce que sa présence était crisogène. Je lui ai clairement dit que nous leur avons remis une liste de nos représentants et le Pr Loada a un mandat de trois ans.

Tant qu’il n’y aura pas de raison objective et suffisante de le retirer au niveau du CTS, il restera à ce poste. Mais comme vous insistez, j’attends une preuve écrite de votre part. La preuve écrite est arrivée par la suite notifiant que le Secrétaire général souhaite que le Pr Loada soit relevé des représentants du Burkina Faso au CAMES. Les raisons évoquées sont qu’il y a une plainte déposée par le Dr Abdoulaye Soma à l’endroit du Pr Loada, qui serait à l’origine de ses échecs au niveau des concours de titularisation. Ensuite que le Pr Loada aurait refusé de se faire auditionner au niveau de la commission d’éthique et de déontologie du CAMES.

C’est le Pr Loada qui aurait présidé le CTS qui a vu Dandi Gnamou du Bénin titularisé et qu’à ce titre ils pensent que Loada est caractérisé par une impartialité et qu’ils le récusent donc comme membre du CTS. Il se trouve que nous étions déjà au courant de ces raisons évoquées, parce que le Pr Loada avait déposé aussi une plainte contre le Secrétaire général du CAMES qui avait tenté de l’amener à déclarer le docteur Soma inscrit sur la liste des professeurs titulaires.

C’est dans cette ambiance que nous avons écrit au CAMES pour dire que les raisons évoquées nous paraissent insuffisantes pour révoquer le Pr Loada. D’ailleurs, son dossier qui était lié aux dossiers des enseignants qui ont été sanctionnés, le Secrétaire général s’est abstenu d’amener le dossier en conseil des ministres. Seuls les dossiers concernant le Togolais, le Béninois et l’Ivoirien y ont été envoyés.

Lorsqu’il est venu par la suite me demander l’audience, il a commencé a évoqué le cas Loada ; qu’une plainte était déposée contre lui par le docteur Soma pour non inscription et que s’il n’a pas été inscrit, c’est le Pr Loada qui aurait fait des pieds et des mains pour empêcher son inscription.

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A l’époque, je lui ai dit qu’en tant que secrétaire général, ce n’est pas son rôle d’aller devant le conseil des ministres pour défendre Soma en disant que c’est le professeur Loada qui a fait tout ceci. Mais après de durs travaux, en conseil des ministres ils ont réussi a glissé un dossier qui autorise le Secrétaire général à prendre une décision de suspendre la participation de toute personne qui pourrait perturber les travaux du CAMES.

Il s’appuie alors sur cela pour ne jamais répondre à notre correspondance. Il a fallu qu’on écrive au ministre du Bénin qui était le président du conseil des ministres pour lui dire que le conseil des ministres n’a jamais sanctionné Loada et donc que le Burkina conserve toute sa confiance en Loada pour être son représentant au niveau du CTS. Et que s’il y avait des traitements partiels à son égard, on se réserve le droit de retirer nos participants à tous les CTS. Le ministre a fait savoir que le Secrétaire général l’avait contacté, demandant de l’autoriser à prendre un arrêté pour suspendre le Pr Loada.

Suspension du Prof Loada par le CAMES ; le ministère de l’Enseignement supérieur apporte son soutien à l’enseignant
Le Prof Loada au micro

Le ministre a alors fait un mail aux autres ministres pour leur parler de trois options : suspendre le Pr Loada ou tous les CTS ou personne. Parmi les ministres, c’est le Togolais qui a réagi en lui disant, qu’il suppose que le dossier est très sensible et qu’il recommandait au ministre du Bénin de s’abstenir de prendre une décision contre Loada avant que le comité d’éthique et de déontologie ne se prononce. En dépit de tout cela, le ministre béninois a quand même écrit pour autoriser le Secrétaire général à suspendre le Pr Loada.

Alors nous avons tout fait pour que le Pr Loada se rende à Bangui. A Bangui, c’est la police qui l’interpelle pour dire que le Secrétaire général du CAMES a déposé une copie de l’arrêté portant suspension de Loada et demande qu’on l’expulse de Bangui. Cependant, comme l’avion ne repartait pas le même jour, ils vont lui permettre d’aller à son hôtel, attendre le lendemain pour repartir avec l’avion. Il arrive à l’hôtel et trouve que sa réservation d’hôtel a été annulée par les mêmes individus. Sa chance est qu’il y avait un Burkinabé qui l’a aidé à trouver une résidence qui aussi n’était prête à le prendre que pour une seule nuit. Ce sont les appels des autorités de Centrafrique qui ont permis de calmer la situation.

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Et là on demande au Pr Loada de ne pas aller au lieu des travaux parce qu’il se ferait expulsé. Nous avions alors adressé une correspondance à l’ensemble des ministres pour le président du CTS. Après cette correspondance, il nous revient que les gens se positionnent pour des décisions qui pourront changer le fonctionnement du CAMES. Les présidents de CTS qui s’y trouvent soutiennent notre position mais comme ils n’ont pas reçu d’instruction de la part de leurs ministres, ils ne peuvent que continuer à participer aux travaux. Chaque matin, j’appelle et il est rassuré que les dossiers sont examinés et que les autres pays amis veillent à ce qu’il n’y ait pas de discrimination par rapport à leurs dossiers.

Je voulais vous rassurer que le traitement des dossiers est en cours, rien n’a été bloqué. C’est simplement que nous avons décidé que le Secrétaire général du CAMES n’a pas à décider pour un pays, qui va le représenter à une session. Nous ne pouvons pas aussi le laisser bafouer la souveraineté du Burkina, aller jusqu’à demander à ce qu’on expulse un compatriote alors qu’il n’est pas une autorité de la Centrafrique pour exiger une telle chose. Notre position est précise et nous ne pouvons pas reculer. »