Au Niger, l’année 2021 commence sous de sombres auspices. Le samedi 2 janvier, une attaque terroriste a été perpétrée dans deux villages de l’ouest du pays, dans la région de Tillabery. Le bilan est d’au moins cent morts.
Un conseil de sécurité s’est aussitôt réuni et des mesures ont été prises pour renforcer la présence militaire dans la zone. Sur son compte Twitter, le Président Mahamadou Issoufou a présenté ses condoléances aux familles endeuillées.
L’attaque est intervenue le jour de la publication des résultats du premier tour du scrutin présidentiel par la commission électorale. Un deuxième tour est annoncé en février pour départager Mohamed Bazoum, arrivé en tête avec 39,33% des voix, et l’ancien Président Mahamane Ousmane, qui n’a obtenu que 17%.Cette attaque devrait donc redéfinir l’action du Président à venir.
Les défis sécuritaires du prochain exécutif
Que ce soit Mohamed Bazoun, candidat du parti au pouvoir, ou l’ancien chef d’État Mahamane Ousmane, le prochain dirigeant du Niger devra donc inévitablement faire face à une situation sécuritaire encore plus délétère, rappelle l’experte de l’ISS.
Le pays, qui s’étend sur un territoire immense (sixième État le plus vaste d’Afrique), se retrouve confronté depuis des années à deux principaux fronts d’insécurité qui asphyxient par ailleurs son économie. Diamétralement opposés géographiquement, les deux foyers de tension sont distants de pas moins de 1.600 km. À l’ouest, dans la zone de Tillabéry, frontalière avec le Mali et le Burkina Faso, s’activent notamment les terroristes de la katiba Ansarul Islam, fondée par le Bukinabè Malam Dicko. Au sud-est, dans la région de Diffa, située dans le versant du lac Tchad et limitrophe du Nigeria, sévit Boko Haram.
Les forces de défense chargées d’assurer la sécurité des populations dans ces zones sont limitées en nombre, écartelées et même débordées par les missions dont elles doivent s’acquitter, explique encore Ornella Moderan.
Adopter une nouvelle approche
Ajouté à cela, il existe de nouvelles poches de conflits qui émergent, depuis 2019, dans toute la zone frontalière du Niger avec le Nigeria (sud) dont on ne sait pas si elles doivent être attribuées à des terroristes ou à des bandes criminelles, précise-t-elle. «Le gouvernement actuel a déjà annoncé le doublement de l’effectif des militaires d’ici à cinq ans, pour passer de 25.000 à 50.000 soldats. Le prochain exécutif va devoir faire face aux nouveaux défis si c’est faisable en matière de coût, de matériel et d’encadrement, ou changer carrément de stratégie», a déclaré Ornella Moderan.
Avec sputniknews