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Terrorisme : Pourquoi l’armée française reste au Mali malgré son échec stratégique et les pertes humaines

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La polémique n’en finit plus d’enfler. L’État-Major des Armées s’est exprimé le mercredi 7 janvier sur l’attaque aérienne de Bounti, dans le centre du Mali, menée le 3 janvier par deux Mirage 2000 et un drone Reaper, qui ont «neutralisé une trentaine de GAT».

Ce groupe armé terroriste, la katiba Serma, est affilié au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, alliance djihadiste elle-même affiliée à Al-Qaïda. L’analyse de la zone avant et après l’impact des trois bombes ainsi que les renseignements obtenus permettent «d’exclure la possibilité d’un dommage collatéral», selon le communiqué qui s’insurge contre toute allégation qui relèverait de la «désinformation».

Par ailleurs, le ministère des Armées a annoncé l’ouverture d’une enquête «pour mieux comprendre ce qui s’est passé». La Défense malienne avait déjà diffusé une version similaire des faits selon lesquels «l’environnement observé n’a montré ni scène de mariage, ni enfants ou femmes.»

Barkhane, une opération contestée, au maigre bilan

Si les résultats des enquêtes successives venaient à blanchir Barkhane de tout soupçon, ces «allégations» tenues par des villageois et une association laisseront toutefois des traces dans l’opinion publique malienne, dont une partie significative est déjà hostile à l’armée française.

«Un échec stratégique» : le Mali, un nouvel Afghanistan pour l’armée française ?Si les autorités, l’armée et les principaux responsables politiques maliens «tiennent énormément à la présence de Barkhane», selon l’ambassadeur Nicolas Normand, en poste à Bamako de 2002 à 2006, certains Maliens, opposés à l’opération française, «ressentent Barkhane comme une armée d’occupation». L’ancien diplomate dit le comprendre, vu le passé colonial, mais surtout en raison d’un constat d’inefficacité : «la situation sécuritaire ne s’est pas améliorée globalement depuis 2014.»

Des propos confirmés par Antonio Guterres, secrétaire général de l’Onu, qui déplore dans un rapport la dégradation de la situation «dans le centre et le nord du Mali». L’«enlisement de l’armée française» au Mali fait également des dégâts côté français. Après les trois militaires du 1er régiment de chasseurs tués dans une attaque le 28 décembre, la liste s’est allongée avec deux morts supplémentaires, ceux-ci du 2e régiment de hussards, le 2 janvier à Menaka. Ce qui porte à 50 le nombre de soldats français tombés au Mali.

Réduction oui, retrait non

Pourtant aucune annonce de retrait définitif des troupes françaises et pour cause, «le retrait de Barkhane provoquerait l’effondrement du Mali», selon Nicolas Normand : «Si vous retirez brutalement Barkhane, les principales villes du Mali, surtout au nord et au centre, c’est à dire, Gao Tombouctou, Menaka et probablement Mopti, tomberont rapidement aux mains des djihadistes. J’en ai parlé avec les gouverneurs de ces villes au Mali. Ils m’ont tous dit que leurs garnisons de forces locales, les FAMA –les forces armées maliennes– ne tenaient pas le choc devant les groupes armés djihadistes dans cette guerre asymétrique. Ils ont donc absolument besoin de Barkhane. L’utilité de Barkhane, c’est d’empêcher une catastrophe et une désintégration du Mali.»

Les troupes françaises peuvent empêcher les groupes armés qui se forment «d’être trop virulents et de menacer l’existence même du Mali», non de les éradiquer, selon l’ex-diplomate. La présence des 5.100 hommes se prolonge donc du fait des défaites successives de l’armée malienne face aux djihadistes et aux séparatistes. Mais il est «évident» qu’à terme, «la France doit se retirer militairement du Mali», conclut-il.

Avec Sputnik