Initié il y a cinq (5) ans, le Thursday Private Afterwork (TPA) est devenu, au fil des mois, le rendez-vous incontournable d’une jeunesse ‘dynamique et entreprenante’ de la capitale togolaise en quête de réseaux d’affaires et d’influence. Le concept est inspiré des expériences dans d’autres capitales africaines et européennes, où ses promoteurs ont fait leurs premières dents dans les affaires, et où la mode de l’afterwork (rendez-vous juste ‘après le travail’), privé ou public, est légion.
Et le modèle séduit. Pas moins de cinquante participants à chaque séance avec des invités de haut niveau tels que le tycoon béninois, Jean-Baptiste Satchivi, magnat de l’agro-business ouest-africain, PDG du groupe CDPA-Agrisatch et Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Bénin ; des dames, Binta Touré Ndoye, CEO d’Oragroup, la holding d’Orabank, et Cina Lawson, Ministre togolaise en charge des Postes et de l’Economie numérique, venus entretenir les networkers.
Retour sur une aventure humaine portée par quatre Africains cadres de banques et entrepreneurs Landry AHOUANSOU, Christopher BALLIET, Serge MOSSI et Ahmed BELO.
L’initiative
Pour les fondateurs du TP Afterwork, l’objectif était tout d’abord d’allier vie professionnelle épanouie et relation sociale, mais aussi de répondre à un besoin de la classe active de la ville de Lomé, celui d’avoir une activité après le travail qui au-delà d’être agréable, serait utile.
‘Notre vision est d’impacter la vie des gens autour de nous, laisser une trace, partager nos passions et trouver ensemble des solutions pragmatiques à nos problèmes respectifs, le tout autour d’une bière ou une activité conviviale. Et comme la dénomination du TPA l’indique, il s’agit d’étoffer nos réseaux amicaux et professionnels respectifs qu’on soit timide ou pas. On ne peut pas venir à nos Afterworks et repartir sans avoir rencontré deux ou trois personnes au minimum et qui seraient utiles dans sa carrière ou vie professionnelle.’ Bien sûr, comme pour toutes activités, le début n’a pas été une sinécure, estiment-ils.
Nous savons qu’aucun système n’est immuable, mais en tant que « militant du progrès », nous nous sommes dits, « on ne peut pas tous faire la même chose, mais chacun à notre niveau, on peut avoir de l’impact. Et ce sont ces petites actions que chacun mène qui transforment une société. C’est vraiment un peu ça notre esprit ». C’est l’énergie qui nous permet de faire la route et de mettre en place une base pour cette activité mensuelle. Initialement, on sortait prendre une bière, mais maintenant on fait plus que cela, nous discutons des sujets qui préoccupent la jeunesse et nous invitons des tycoons (sourires), soulignent-ils.
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TPAfterwork, réservé à des privilégiés ?
Même si ces séances se déroulent dans des lieux habituellement réservés à une clientèle aisée, ou au gotha du monde des affaires, elles sont ouvertes à tout ‘jeune ambitieux, qui sait boire une bière (rires) et qui est décontracté’, estime Christopher. Plus sérieusement, nous n’avons pas de filtre et nous ne faisons pas de discrimination, et pour que les échanges soient fructueux ’nous avons des entrepreneurs, des gens qui sont à la recherche de nouveaux fournisseurs, de nouveaux clients et de débouchés pour leurs produits et services.’.
Toute personne intéressée doit nous contacter et faire une réservation. Faisant ainsi, cela nous permet de s’assurer qu’au cours d’une soirée, nous n’avons pas un nombre non-gérable, mais aussi une base diversifiée de profils de participants. « C’est pour que par exemple, moi qui suis banquier, quand je vais à une soirée d’Afterwork, je n’ai pas à voir que des banquiers puisque je les rencontre déjà tous les jours. Donc on veut s’assurer qu’à toutes nos soirées, on ait des banquiers, des notaires, des avocats, des entrepreneurs de secteurs différents, et c’est pour ça qu’on demande des réservations. C’est pour être sûr qu’on a un environnement où il y a plusieurs profils différents », explique Landry.
Que fait-on au cours d’un TPA ?
Pas de formalisme, pas de routine, le dynamisme, tels peuvent être résumés les caractères des rencontres des TPA. Les lieux de ces rencontres qui varient à chaque occasion, sont une façon pour les promoteurs de faire découvrir les nouveaux coins aux participants qui sont de passage à Lomé. ‘Nous évitons cet aspect figé qui pourrait rendre le concept routinier’, avancent-ils.
Au-delà des communications animées par les guest speakers et des échanges avec eux, des b-to-b entre participants sont aussi organisés. Pour les participants extravertis, le problème ne se pose pas, ils rencontrent tous ceux qu’ils veulent. Pour ceux qui sont un peu plus réservés, le ‘speed networking’ leur est destiné et consiste à créer des petits groupes de huit personnes au sein duquel, des discussions sont initiées, ce qui permet à chacun de se présenter et de discuter.
Quelques guest speakers en 2016
Les activités 2016 du TPA se sont achevées avec des invités marquants et un lot de mots d’ordre qui interpellent le jeune à l’action. « Honnêtement quand tu sors de ces soirées-là, ça te booste, ça te fait réfléchir, ta vision du monde change. Lorsque tu trouves un travail et que quelqu’un te dit qu’il y a dix ans, il était comme toi, mais il a eu à faire cela et où il en est aujourd’hui, crois-moi, tu ne vas pas te reposer sur tes lauriers, ça te donne de l’énergie », confie un habitué de ces soirées.
Pour Landry, une des invitées marquantes était la Directrice générale du Fonds d’Appui aux Initiatives Economiques des Jeunes (FAIEJ), Sahouda Gbadamassi-Mivédor, qui avait donné un aperçu des possibilités d’accompagnement des PME / PMI et des mécanismes de garanties de financement existants au Togo ou ailleurs.
Le patron de la Chambre de commerce et d’Industrie du Bénin, Jean-Baptiste Satchivi, venu de Cotonou pour la séance, l’un des premiers employeurs de son pays, avait partagé avec l’assistance le concept de ‘militant économique’. Son objectif est que, ‘nous les jeunes africains, en tant qu’entrepreneurs, devons prendre conscience de l’impact que nous pouvons avoir sur l’économie de nos pays, être proactifs, anticiper sur les opportunités dans notre environnement d’affaires et savoir, se faire entourer, ce qui répond exactement à l’esprit du TPA’, souligne Christopher.
Des invitées telles que Madame Binta Touré Ndoye, la CEO d’Oragroup ou la Ministre Cina Lawson avaient mis un accent particulier sur le leadership féminin. Parvenir à ces niveaux en Afrique pour les femmes n’est pas évident. Il y a les côtés professionnels et familiaux à assurer et tous les préjugés à prendre en compte pour une femme. « Lire des biographies des personnalités qui ont réussi sur internet, c’est bien, mais les rencontrer et qu’elles t’expliquent certains choix, c’est vraiment plus touchant. Elles ont également partagé des expériences sur leurs parcours, les erreurs que les entrepreneurs doivent éviter, et d’autres astuces », ajoute Landry, avant de préciser, « ce sont des personnes pas évidentes à rencontrer, mais c’est cela aussi le défi du TPA, offrir un cadre d’échanges entre jeunes et des personnalités de ces rangs ».
Des projets sérieux dans le viseur
Après cinq premières années passées à tisser discrètement la toile, les promoteurs veulent passer à une nouvelle vitesse. Aller du branding du TPA, à la plateforme de levée de fonds pour le financement des PME/PMI, en passant par l’incubateur d’idées d’entreprises. Ils le savent bien, Lomé est un carrefour entre Abidjan, Accra, Cotonou, Lagos et Ouagadougou, et des opportunités sont présentes.
Le plan est bien mûri, être une plateforme privilégiée d’expression entre les jeunes entrepreneurs et des décideurs, offrir une visibilité aux entreprises de ces jeunes à des business angels membres du réseau.
« Pour nous banquiers, on sait que ce n’est pas tant le financement qui est le problème des entreprises en Afrique subsaharienne. L’argent est là, il est dans l’économie. Le plus important est le sérieux que tu mets dans le travail que tu fais, comment est-ce que tu te dévoues au quotidien pour réaliser ta vision ou en tout cas pour les rêves que tu veux accomplir. Je pense que c’est le plus important. Si tu as réglé ça, il faut que tu aies des gens qui te donnent une sorte de garantie pour que tu n’aies pas à penser à aller prendre un prêt bancaire pour démarrer ou faire progresser ton activité. Il faut que les gens te disent bon, on a vu ton projet, on est prêt à t’accompagner. On veut arriver à ça, et c’est l’un de nos gros challenges », souligne Christopher.
TPA 2017 s’annonce avec une aventure pleine de surprises
L’environnement est compétitif, et il faut que les Africains s’approprient l’Afrique quel que soit l’endroit où ils sont, parce que le changement ne viendra pas d’autrui. La formidable aventure du TPA vient du fait que nous, quatre, venons d’horizon divers, ce qui amène une foison d’idées. Mais ces genres de choses n’arrivent pas si nous ne croyons pas en nous-mêmes, si nous n’apportons pas, chacun du sien, pour un résultat global meilleur.
Pour finir, c’est l’occasion de remercier tous nos TPAfterworkers, tous les sponsors qui ont soutenu l’initiative toutes ces années ainsi que les guest speakers qui sont venus parce qu’ils ont cru en nous. Je pense que c’est aussi l’occasion de renouveler notre engagement envers nos partenaires, en continuant de travailler pour offrir des soirées TPA à la hauteur des attentes, et mettre plus à profit le numérique dans la gestion de nos évènements.
Contacts TPA : (00228) 92 92 23 23 / 92 93 93 92