A Lomé comme dans bien d’autres capitales africaines, chaque début d’année est marqué par une crise qui sévit chez presque tous, la ‘‘Janviose’’. Cette étrange affection a la singularité de n’apparaître qu’en janvier, d’où son nom. Les portemonnaies, cartes bancaires et poches… vides sont généralement ses symptômes.
En effet, la ‘‘Janviose’’, pour beaucoup, est souvent liée aux insomnies dues aux dettes contractées pour couvrir les dépenses excessives réalisées le mois précédent dans le cadre des fêtes de fin d’année. Ce qui fait que le mois de janvier semble plus long. « On aurait dit que ce mois dure 365 jours au lieu de 31 », selon certains.
Cela dit, janvier 2021 dans quelques jours va appartenir à l’histoire. Et à l’approche de la fin de ce premier mois de l’année, en raison des conditions particulières qui ont impacté la vie du citoyen togolais depuis le début de la crise sanitaire, quelles différences a-t-on remarqué ?
Au Togo, pour ralentir la propagation du Covid-19 et éviter une nouvelle vague de contamination en 2021, un couvre-feu avait été instauré sur l’ensemble du territoire du 20 décembre 2020 au 03 janvier 2021. La conséquence directe, en ce qui concerne la plupart des Togolais est qu’il n’y a pas eu de grandes fêtes et donc presque pas d’opportunités d’exorbitantes dépenses.
C’est le cas d’Albert qui explique : « Vous savez, avec toutes les restrictions sanitaires de décembre, on n’a pas vraiment fêté. Donc on a réussi à faire un peu d’économies. Cela fait que janvier ne pèse pas autant qu’habituellement. Et puis le mois est presque fini ».
Pour d’autres, le mois de janvier tire à sa fin sans grand changement dans leur quotidien précaire. En réalité, la crise sanitaire a exacerbé les difficultés qu’ils affrontaient d’ores et déjà du fait de la situation économique qui prévaut au Togo. Ainsi, dans une attitude de résignation, ils continuent au jour le jour de vivoter.
Par ailleurs, pour une certaine couche sociale togolaise, ce premier mois de l’année n’est pas très différent du précédent. Le plus surprenant est qu’ils se plaignent eux aussi de la janviose, ce qui frise presque la mauvaise foi. Car on les retrouve, surtout la nuit tombée, en train de vivre une vie de rêve dans les endroits branchés et huppés de la capitale. Et le week-end, ils n’hésitent pas à s’évader pour des séjours dans la préfecture des lacs pour profiter de la plage ou vers la région de Kloto et ses cascades.
Au demeurant, si pour certains, janvier est un mois comme un autre, pour d’autres, c’est la croix et la bannière spécialement avec la pandémie mondiale actuelle et toutes ses diverses retombées. Alors, « Janviose », mythe ou réalité ?