Gilbert Bawara, le ministre de la fonction publique, revient sur les contours et les objectifs d’un vaste projet appelé à remédier aux insuffisances et aux faiblesses observées dans l’administration publique togolaise.
« En 2005, l’administration togolaise était dans une situation déplorable en matière de capacités institutionnelles et de compétences… Même s’il y a eu des recrutements progressifs depuis lors, ils n’ont pas permis de combler le gap en personnel et ressources humaines et cela n’a pas suffi pour satisfaire à l’exigence de qualité en termes de compétences et d’expertises pointues. Ce qui a été fait a permis au pays de relancer l’économie, de relancer la coopération et le fonctionnement normal des services publics. Mais la qualité des prestations n’est toujours pas encore totalement au rendez-vous ». C’est en ces termes que Gilbert Bawara plante le décor au sujet de l’administration togolaise à l’occasion d’un entretien exclusif accordé à Togobreakingnews.info et Savoirnews.net.
Pour une meilleure mise en œuvre de la stratégie de développement notamment le Plan national de développement (PND) et sa déclinaison de la Feuille de route gouvernementale 2020-2025, les autorités togolaises misent sur une administration de qualité.
« Le niveau, le rythme et la qualité de réalisation des projets contenus dans la feuille de route gouvernementale pourraient être meilleurs si nous disposons de capacités institutionnelles et de ressources humaines renforcées et de meilleure qualité », affirme M. Bawara.
Le ministre de la fonction publique avoue que « c’est partant de cette réalité que le gouvernement togolais a conçu un Projet de modernisation et de renforcement de capacité de l’administration publique ». Pour lui, le but est de veiller à la réalisation des ambitions et objectifs de la feuille de route gouvernementale.
Le PMAPDS vise selon le patron de l’administration togolaise, deux objectifs essentiels. En premier lieu, il s’agit d’outiller et de doter l’Etat togolais de capacités institutionnelles, de compétences et d’expertises nécessaires à la bonne mise en œuvre des stratégies de développement, notamment la feuille de route.
« Il faut que nous, nous nous assurions qu’à tous les niveaux et dans les différents axes de développement, nous avons de bons agents publics », émet le ministre.
En 2e lieu, le PMAPDS devra permettre l’amélioration de la qualité et l’accessibilité des services et prestations fournies par l’administration publique togolaise aux citoyens. Il sera également question de disposer d’un cadre unique d’intervention des différents acteurs. De même, il est attendu une rationalisation des ressources et une synergie des services publics.
Le projet, toujours en cours d’élaboration, comprendra 4 composantes essentielles. La première porte sur l’accélération de la modernisation de la fonction publique dans son ensemble.
« A ce niveau, nous allons toucher le fondement de l’administration. Le statut général de la fonction publique et les statuts spéciaux, tout ce cadre légal et réglementaire sera revu et nous allons procéder à une refonte complète de ce cadre. Aujourd’hui, nous avons une fonction publique de carrière et les agents ont la sécurité de l’emploi et ne disposent pas nécessairement de lettres de mission et de contrats d’objectif ou d’indicateurs de performance. Il faut sortir d’une fonction publique de carrière pour évoluer vers une fonction publique de mission », avance Gilbert Bawara.
Sur ce point, le ministre de la fonction annonce la réforme de l’École Nationale d’Administration (ENA) qui aura désormais pour mission de former des agents compétents pour servir dans l’administration publique. M. Bawara indique que l’ENA ne doit pas se focaliser sur la transmission des connaissances académiques. Il suggère déjà la modification des profils des enseignants qui interviennent et la réforme du contenu de la formation, qui doit être focalisée sur l’acquisition de compétences et de savoir-faire.
La 2e composante va porter sur la gestion des ressources humaines de l’Etat. Il est question pour les pouvoirs publics togolais de maîtriser le nombre d’agents fonctionnaires et de maîtriser la masse salariale.
Pour le ministre Gilbert Bawara, le projet permettra de mettre en réseau les services administratifs pour faciliter le vécu aux citoyens.
« Si par exemple, on crée une base de données intégrées entre le ministère de la fonction publique, le ministère de l’Économie et des Finances et la Caisse de retraite du Togo, celui qui est admis à la retraite n’a pas besoin de refaire un parcours de combattant à son admission à la retraite », explique le ministre.
Par ailleurs, le projet vise dans cette composante une meilleure planification des recrutements.
La 3e composante du Projet de modernisation et de renforcement des capacités de l’administration publique pour la délivrance des services (PMAPDS) est la digitalisation qui implique la facilitation des prestations et des services. À ce niveau, le gouvernement entend simplifier les procédures et formalités et utiliser les outils de digitalisation pour favoriser l’accès des citoyens aux services publics. Il sera aussi question d’améliorer la transparence et l’efficacité.
Gilbert Bawara annonce par ailleurs que toutes les réformes devant améliorer la gestion des finances publiques seront inclues dans une composante du PMAPDS.
La dernière composante porte sur l’appui institutionnel. Le projet est en cours d’élaboration avec l’appui de la Banque mondiale. Il pourra bénéficier de l’apport d’autres partenaires techniques du gouvernement togolais pour accompagner la mise en œuvre.
« Notre ambition est qu’à la fin de la mise en œuvre de la feuille de route, quelles que soient les personnes qui animent les ministères, les togolais puissent remarquer que le pays dispose d’une administration et des services publics modernes, performants, accessibles et de meilleure qualité », a émis M. Bawara.