Dans tout milieu où hommes et femmes se côtoient, il est de ces comportements qui naissent et suscitent inquiétude des uns, indignation des autres, indifférence presque coupable de certains. Le harcèlement sexuel est l’un de ces comportements, sinon l’un des pires. Et le milieu universitaire ne saurait prétendre en être exempt.
Au Togo, comme dans tout pays, le monde universitaire semble souffrir de ce mal d’un autre temps, pour le grand désarroi des jeunes filles dont la seule faute est de vouloir étudier et se donner les moyens d’une vie meilleure.
Se définissant comme étant le fait d’insister pour obtenir des faveurs d’ordre sexuel de la part d’une tierce personne, le harcèlement sexuel prend plusieurs formes. Les attouchements, les caresses légères ou avec insistance, l’inceste, le fait d’user de paroles ou d’images à caractères impudiques ou hautement explicites, sont autant d’actes classés comme étant des formes de violences sexuelles.
Considéré comme étant un havre de paix pour le partage de connaissance, le milieu universitaire devient presque nuisible à l’apprenant qui est victime du harcèlement. Qu’il émane de la part de camarades de promotion ou d’aînés ou de la part d’enseignants de tout niveau, il se traduit selon plusieurs témoignages comme une pression psychologique sur la base de facilitation de travaux de groupe, d’encadrement personnel pour une réussite rapide voire de garantie d’aide à la validation d’unités d’enseignement ou de réussite, etc.
Généralement, plusieurs sont ceux qui pensent que le phénomène du harcèlement n’est dirigé qu’envers les jeunes filles. Il convient de rappeler que les jeunes garçons se retrouvent également dans le collimateur, mieux dans les mailles des désirs sexuels du sexe opposé.
Le harcèlement survient généralement quand une personne a du mal à accepter d’être éconduite dans un processus de drague. Ayant essuyé un refus catégorique, beaucoup prennent celui-ci comme un affront à leur masculinité et font ainsi recours à des méthodes peu glorieuses pour arriver à leurs fins. Consciemment ou non, il existe dans la société des stéréotypes qui encouragent le harcèlement dans nos milieux respectifs.
Dans notre vécu quotidien, nombreux sont ces adages qui placent toujours l’homme en position de force : un garçon ne pleure pas, un garçon ne perd pas, un garçon doit insister jusqu’à ce que la fille dise OUI, un garçon doit sauter sur sa proie et la dévorer… Dès le bas-âge, ces propos au pouvoir presque “corrosif” sur l’esprit forgent le mental du petit garçon innocent qui pourra devenir plus tard un prédateur s’il n’y prend pas garde.
« Par ailleurs, il convient de rappeler que les filles ont une part de responsabilité dans cette histoire. Souvent, quand on parle du harcèlement sexuel en milieu universitaire, le commun des mortels pense que seuls les jeunes garçons sont à blâmer. Aujourd’hui, la triste réalité est que les filles sont parfois actrices voire promotrices de ce fléau de par leur habillement, leur façon de se comporter… Je pense que si les autorités universitaires décident d’interdir le port de certains accoutrements, c’est pour responsabiliser les filles », a laissé entendre Ari Ahédor, étudiant en sociologie à l’UL.
La nuance s’impose, « rien ne justifie le phénomène du harcèlement et cet acte doit être condamné. Je pense que plusieurs mouvements et associations de jeunes font un boulot formidable pour sensibiliser et mener des actions pour lutter contre les violences sexuelles en milieu scolaire. Aussi, il urge d’opérer un travail de fond pour se défaire des normes qui encouragent le harcèlement sexuel en éduquant autrement les jeunes garçons », a précisé Ayanou Ben, jeune activiste. Tout compte fait, la vigilance est de mise et tout acte visant à obtenir sous la pression des faveurs sexuelles de quiconque doit être dénoncé au risque de devenir banal. La loi du silence ne fait qu’encourager les prédateurs.