Huit mois après avoir pris fonction, le nouveau président de la Cour Suprême, Yaya Abdoulaye a dressé en fin de semaine dernière un vaste état des lieux de la justice togolaise, et invité tous les acteurs du secteur se livrant à des pratiques malsaines, “à se ressaisir” et à respecter leurs engagements.
En effet, l’appareil judiciaire national fait de plus en plus l’objet de récurrentes plaintes et critiques de la part des citoyens, a fait observer le successeur de Akakpovi Gamatho. En cause, des dysfonctionnements notoires impliquant aussi bien des magistrats, que des auxiliaires de justice, et qui “annihilent” tous les efforts de modernisation de la justice.
Selon le président de la plus haute juridiction étatique, les actes posés vont de la mauvaise gestion des dossiers à un “enrichissement sans vergogne sur le dos des justiciables”, en passant par la lenteur excessive, “l’accroissement des contentieux, le dilatoire des parties, l’indélicatesse” de certains acteurs, entre autres : “Il n’y a pas de jours où ne défraient des scandales des affaires foncières impliquant des magistrats, avocats, huissiers, officiers de police judiciaire, des officiers supérieurs, voire des autorités civiles, lesquels n’hésitent pas à s’approprier des terrains au détriment des pauvres justiciables”, a-t-il illustré.
“La justice est gardienne de la paix civile, rempart contre les injustices nées du déséquilibre des situations, ultime recours là où d’autres institutions ont échoué. Elle est l’arbitre où vient se réfugier la règle de droit”, a rappelé Yaya Abdoulaye, avant d’appeler à un profond changement.
“Puisque je crois qu’il n’est pas trop tard pour nous ressaisir, j’appelle tout le corps judiciaire à une prise de conscience aigüe et de responsabilité dans la gestion des affaires”, a-t-il conclu.
En rappel, Yaya Abdoulaye est également le président du Conseil supérieur de la Magistrature.
Avec Republique Togolaise