C’est autour de l’initiative « Meet & Tales » que Diane Acouetey-Anawi, cheffe d’entreprise, spécialiste en organisation évènementielle, a choisi de marquer le mois d’Octobre Rose, pour contribuer à la lutte contre le cancer du sein par une sensibilisation plus accrue. Dans la soirée du samedi 15 octobre, elle a mobilisé des hommes et femmes pour relancer le débat, en présence de médecins, naturopathes, et autres spécialistes.
Femmes, hommes, jeunes, personne n’a voulu se faire conter la première édition du « Meet & Tales ». Soigneusement habillés pour exprimer leur engagement à lutter contre le cancer du sein, les participants ont suivi avec une attention particulière, les différents intervenants.
Tour à tour, Cathérine Ayena de l’association FemSansCancer, Dr Eric Ajavon, gynécologue, Dr Oni Djagnikpo de la Ligue Togolaise Contre le Cancer du Sein et Mouna Akué, directrice du centre Naturamoun, se sont succédé pour sensibiliser l’assistance sur le cancer du sein.
De leurs différentes interventions, on retient principalement que le cancer du sein est la multiplication anormale des cellules d’une partie du sein échappant au contrôle de l’organisme et détruisant les structures normales de cet organe. De loin, le cancer du sein est le premier cancer gynécologique de la femme. Problème réel de santé publique, le mal touche beaucoup plus la femme que l’homme (1%) et se retrouve de nos jours chez des femmes relativement jeunes. Sa prise en charge est très onéreuse pour les populations. Sa prévention est simple, non contraignante et non invasive. Son dépistage, quoi que peu vulgarisé dans nos pays, est une nécessité et sa prise en charge est délicate au plan social et psychologique.
« 15 personnes diagnostiquées par jour »
Le signe le plus classique du cancer du sein est une bosse ou une enflure dans un sein, ne causant pas de douleur. D’autres signes d’alerte sont la modification de la taille ou de la forme des seins, l’apparition de fossettes ou de plis dans la peau d’un sein, ou la rougeur, l’enflure ou la chaleur accrue dans un sein, le mamelon inversé, c’est-à-dire tourné vers l’intérieur, ou encore la croûte ou la desquamation (petites lamelles de peau qui se détachent) sur un mamelon. « Si vous observez ces signes et symptômes du cancer du sein, consultez un médecin sans tarder », conseille Dr Eric Ajavon. « Le cancer du sein est un tueur sournois. Il se développe pendant plusieurs années sans le moindre signe. Les femmes qui n’ont pas d’histoire familiale de cancer peuvent le développer. Par conséquent, aucune femme n’est à l’abri de cette maladie », ajoute-t-il.
Pour diagnostiquer le cancer du sein, il faut réaliser une mammographie (radiographie) des deux seins, souvent associée à une échographie des deux seins et ganglions. Elle précise la zone de la tumeur, son aspect, ses contours, et oriente pour le prélèvement. Un examen anatomopathologique est également possible. Ça permet d’établir le diagnostic du cancer du sein à partir des tissus prélevés. Le bilan d’extension est aussi nécessaire pour s’assurer que d’autres organes, en dehors du sein ne sont pas déjà envahis par des lésions cancéreuses. « Le cancer du sein au Togo, c’est 15 personnes diagnostiquées par jour », informe Dr Oni Djagnikpo.
En ce qui concerne le traitement, les intervenants ont relevé la chirurgie qui a pour but d’enlever complètement la tumeur, vérifier la présence du cancer dans les ganglions lymphatiques et les enlever et reconstruire le sein. La chimiothérapie, pour sa part, permet de réduire la taille d’une grosse tumeur avant la chirurgie, si le cancer ne s’est pas propagé hors du sein ou des ganglions lymphatiques. Elle vise également à détruire les cellules cancéreuses qui restent après la chirurgie et réduit le risque de réapparition ou de récidive du cancer. « La chimiothérapie est très douloureuse. Nous avons pitié des patientes qui suivent ce traitement. Il ne faut pas en arriver là. Il faut payer 3 millions FCFA par séance. Et il faut 6 séances au total. C’est pour cela qu’il faut mettre la priorité sur la prévention », fait noter Dr Eric Ajavon.
Privilégier la prévention primaire
Au chapitre de la prévention du cancer du sein, les intervenants ont parlé du maintien d’un apport suffisant en vitamine D. « Il est recommandé de s’exposer environ un quart d’heure par jour à la lumière naturelle, principale source de vitamine D. On peut également la retrouver en petite quantité dans certains aliments comme les poissons gras », précisent-ils.
Le sport est également un moyen de prévention conseillé dans ce cas. D’ailleurs, le président du Comité national olympique du Togo (CNO-TOGO), Deladem Akpaki, en dehors du soutien de son institution à l’initiative, a tenu à encourager les femmes à faire du sport ou pratiquer la marche. « Le cancer du sein ne concerne pas que les autres. Ça nous engage tous, autant que nous sommes. J’ai bien voulu rappeler à toute l’assistance que le sport nous guérit de beaucoup de maux. Vous le savez déjà si bien. Le CNO-Togo s’est engagé dans cette lutte contre le cancer du sein par la promotion du sport, de l’olympisme et de ses valeurs », a-t-il déclaré.
« Meet & Tales » est un évènement dont la promotrice s’appelle Diane Acouetey-Anawi. « C’est une initiative qui vise à créer un réseau de belles personnes pour faire de belles choses ensemble. De passage à Lomé, je me suis dit que c’est Octobre Rose et qu’il faut marquer le coup. J’aimerais dire merci et bravo à tous, parce que beaucoup sont restés sensibles à mon appel », affirme-t-elle. « Pourquoi le cancer du sein ? Le message que j’ai à faire passer ce soir, c’est que cette maladie n’arrive pas qu’aux autres. Aujourd’hui, il y a des traitements qui permettent, lorsque c’est décelé tôt, d’en guérir. Il faut sensibiliser autour de nous, parce que lorsque le cancer du sein est décelé tôt, ça se traite. J’invite tout le monde à prendre rendez-vous pour sa mammographie, parce que c’est hyper important », préconise Diane Acouetey-Anawi.
Il est à noter et rappeler qu’au Togo, seules 34% des personnes atteintes du cancer en 2020 y ont survécu, selon l’Observatoire mondial du cancer (Globocan). La même source indique que 70% des personnes qui souffrent du cancer du sein au Togo, en décèdent. 5208 cas de cancer du sein ont été diagnostiqués en 2020 dont 3486 décès.