A Lomé comme dans d’autres grandes villes, c’est surtout la jeunesse qui a adopté la pratique (soit par envie de sensations fortes, par mimétisme, simple curiosité ou effet de mode) depuis quelques années, dans les bars, les maquis, les boîtes hyper-branchés et même dans la rue.
Le phénomène de la chicha a aujourd’hui le vent en poupe et s’observe un peu partout. Cette forme de cigarette marquée par un goût aromatisé, l’affluence et l’acceptation souvent autour, séduit donc les jeunes filles et garçons.
En effet, la chicha encore appelée ‘‘narguilé’’ est devenue une pratique répandue dans la société togolaise, et ce, malgré la loi relative à la production, à la commercialisation et à la consommation des cigarettes et autres produits du tabac au Togo ayant fait l’objet de cinq décrets d’application dont le décret N 2012-046/PR du 11 juillet 2012 portant interdiction de fumer dans les lieux publics.
Des effluves aromatiques s’en dégagent ; les utilisateurs sont aux anges. Mais le sentiment de bien-être procuré par la fumée a de graves conséquences sur la santé. Selon une croyance populaire naïve, l’eau filtrerait la fumée, ce qui pourrait retenir les composés nocifs et réduire les risques sur la santé. Or, l’eau élimine à peine une infime partie des substances toxiques produites par le mélange.
Dans tous les cas, constituée du monoxyde de carbone, ce qui va empêcher une bonne oxygénation des muscles, du goudron (un irritant respiratoire), des métaux lourds (béryllium, chrome, cobalt…) et d’autres substances très cancérigènes, cette fumée demeure un excellent tueur silencieux.
Et les retombées sont catastrophiques : problèmes cardiovasculaires, respiratoires, digestifs…, risque de cancers, de diabète et d’obésité, ou encore de contagion microbienne, vu le nombre pléthorique de fumeurs parfois utilisant un tuyau unique.
Par ailleurs, les individus assis tout autour ne sont pas épargnés car exposés également à la fumée et donc à des taux non-négligeables de monoxyde de carbone. Lorsqu’il s’agit de chicha, le tabagisme passif est encore plus nocif ; une heure de tabagisme passif autour d’une chicha équivaut à inhaler la fumée de 6 ou 7 cigarettes, d’après des études.
Et pour ceux qui plaident que la cigarette est plus nocive que la chicha, notons qu’une seule bouffée de chicha équivaut à fumer d’un coup une cigarette entière. En déduction, une séance de chicha vous fait fumer entre 20 et 30 cigarettes. Mais encore, le monoxyde de carbone contenu dans la fumée d’une cigarette est 7 fois inférieur en quantité comparé à celui présent dans la fumée d’une chicha.
Ainsi, voir des jeunes Togolais plein d’avenir qui se plaignent des conditions d’étude, du chômage, du pouvoir d’achat faible et de l’instabilité économique permanente dans le pays…tous ces points exacerbés par la crise sanitaire, mourir à petit feu en s’adonnant à des pratiques malsaines de peu d’intérêt comme la consommation de chicha est déplorable et écœurant.