Au Togo, la police routière ne badine pas lorsqu’il s’agit de traquer les contrevenants en cas de délit de la route ou autres usagers indélicats. Seulement dans le même corps, il y a des agents de sécurité « raquetteurs ». A eux, les conducteurs interpellés sont tenus d’offrir le « café » (100 ou 200 frs voire 2.000 frs cfa, en cas de contravention).
En retour, ils sont en « règle » donc libres de rouler en se permettant des surcharges. L’argent remis servant de passe-droit à peine voilé. Pas un seul jour ne passe sur nos routes sans que le racket ne soit observé, déplore la population.
En effet, le « tarif » n’est pas discutable, selon les humeurs de ces agents aussi nuisibles que véreux. Généralement, il vaut mieux les payer tout de suite et éviter tout marchandage, d’avance voué à l’échec.
« Merci Chef !» , « Patron ! »… Tels sont les mots et murmures flatteurs que l’on peut entendre des conducteurs après l’acte consommé. Et malheureusement, la chose se déroule souvent au vu et au su de tous, sans une quelconque gêne de l’agent corrompu ou de ses collègues en présence, malgré les tenues qu’ils portent fièrement.
Dans la circulation, le professionnalisme n’a guère de place. Les chauffeurs sont, pour la plupart, détroussés par les dieux de la route, en d’autres termes les agents de police chargés du contrôle routier. « C’est comme si c’est nous qui payons en partie le salaire des policiers de la route. Les accidents causés par les surcharges que nous opérons afin de pouvoir arrondir la fin de la journée, c’est ça aussi », nous a expliqué un conducteur de taxi.
Un ancien chauffeur de taxi et passager, nous a fait comprendre une autre face de ce système de « racket ou de vol organisé » sur les routes, en reconnaissant :« Il nous arrive d’abuser de nos petits gestes et cadeaux à l’endroit des agents routiers. Pour être tranquille et passer vite, c’est le secret souvent ».
Tout le monde est conscient du phénomène. Les autorités compétentes en premier. Les véhicules en mauvais état, parfois sans pièces, circulent librement sans jamais être inquiétés. A croire que tant la corruption profite, tant un sourd silence règne autour.