Dans un entretien accordé à nos confrères de Togomatin paru ce lundi 22 mars 2021, le PDG de Global Trade Corporation SA, Ghislain Emerice Awaga, s’est attardé sur les difficultés auxquelles fait face sa société durant cette période. Il a notamment parlé de perspectives d’avenir et a tenu à rassurer ses clients.
L’entretien
Pourquoi avoir créé GTC SA?
Ghislain Emerice Awaga : À la base, cela devait être Gf corporation SA , malheureusement quand vous créez une entreprise à partir de rien, vous n’avez pas la possibilité d’avoir les meilleurs comptables ni les meilleurs techniciens. Ceci a occasionné la première migration de la société en société anonyme, une nécessité pour nous car étant inscrits dans un format de faire évoluer GF CORPORATION SARL en GF CORPORATION SA. Malheureusement les lacunes qu’on traînait rendaient cette mutation impossible dans l’immédiat ce qui nous a emmené à créer GTC SAS qui deviendra GTC SA.
À sa création , GTC avait hérité de nombreux passifs de Gf, à côté des clients qui devaient être payés sur les bénéfices dégagés à GTC et les fonds de la GF STORE qui devaient transiter par notre salle de marché. La gestion de GF CORPORATION devait alors être assumée par M. Junior SEWODO.
Également faut-il le souligner, une partie des fonds sous gestion à GF CORPORATION était transférée à GTC SA.
Que s’est-il passé à GF CORPORATION par la suite ?
Ghislain Emerice Awaga : Bien de choses, GF STORE à la base a connu deux administrations et la seconde a hérité des difficultés et de la non-rentabilité de la première avec un déficit de près de 16 millions.
À la base, les fonds issus des commandes devaient être fructifiés à GTC SA sur la base d’un contrat d’investissement comme un autre puisqu’il s’agit de deux structures distinctes. Le gérant d’alors de GF CORPORATION a pris l’initiative de rentabiliser à l’interne les fonds collectés qui s’est soldée avec des pertes et des écarts injustifiés dans la comptabilité. La sonnette d’alarme a été tirée en octobre par un employé qui a attiré mon attention sur la gestion des fonds.
La première disposition que j’ai prise était de faire cesser toutes les activités et faire auditer les comptes. Le rapport d’audit était clairement différent des rapports que j’avais reçus sur la durée avec un statut d’actionnaire. Cela faisait mention d’une différence de près de 150 millions.
En attendant la justification de cet écart , la signature des contrats a été transférée à GTC SA, qui a recueilli les nouveaux contrats. GTC SA et aucun de ses responsables n’ont été mêlés de près ou de loin à la gestion des fonds de GF STORE ou de GF CORPORATION jusqu’en octobre 2020. Même au-delà du mois d’octobre certains contrats ont été signés à GF CORPORATION dont les fonds n’ont jamais été transférés à GTC SA.
Quel sort est réservé aux clients ?
Ghislain Emerice Awaga : GTC SA et ses responsables déclinent toute responsabilité liée aux commandes recueillies à GF CORPORATION SARL. Un travail de contre-expertise est en train d’être mené et les résultats seront rendus publics. Les commandes rebouillies ou les fonds gérés par GTC SA seront honorés à partir du jeudi 25 mars 2021. Les autres contrats seront honorés sur proposition d’un moratoire de Monsieur Junior SEWODO, moratoire qui sera communiqué aux clients et aux médias avec un suivi strict des livraisons et de restitution des fonds.
Pourquoi la résiliation des contrats GF CORPORATION ?
Ghislain Emerice Awaga : GTC SA avait hérité des passifs de GF CORPORATION et de ses clients, contrats qui ont été honorés sur près de 7 mois à des taux qui étaient devenus difficiles à tenir. La situation de GF STORE aussi s’étant ajoutée à l’équation et la première crise de GTC en octobre qui nous avait secoué, rendait difficile le paiement des clients. La seule alternative était la résiliation des contrats et le retour des fonds aux investisseurs qui malgré tout ont perçu leurs rémunérations sur la durée du contrat à part ceux ayant des contrats bloqués. La restitution des fonds avait commencé et s’était interrompue avec les difficultés actuelles de GTC SA.
Quelle est l’origine actuelle de la crise de GTC SA? Mutation vers l’économie réelle ou la pandémie ?
Ghislain Emerice Awaga : Aujourd’hui plusieurs de nos clients se plaignent de la mutation de l’entreprise vers l’économie réelle, mais pourquoi a-t-on voulu migrer vers des valeurs sûres ?
Le travail que nous faisons s’apparente à l’activité des banques ou des SFD. En août, j’avais entrepris plusieurs voyages dans l’optique d’obtenir une réglementation ou une accréditation afin d’exercer légalement et librement sans tomber dans l’illégalité. Ailleurs, nous avons des fonds spéculatifs qui bénéficient d’un encadrement solide et qui profitent à l’éclosion économique des pays. Aujourd’hui, nous togolais ne sommes leaders dans aucun secteur sur le plan sous-régional et continental. Tous les voyages se sont soldés par un échec cuisant et continuer dans cette voie nous aurait conduits à une fermeture pure et simple de l’entreprise. Nous avons choisi la voie de la pérennité, pas par plaisir, mais par obligation.
Cette nouvelle orientation devait nous permettre progressivement de changer de mode de fonctionnement et d’être encrés dans l’économie réelle et les valeurs sûres non-volatiles. Si on avait continué à brandir le trading, on aurait fermé depuis. En novembre, nous avons diminué notre taux mensuel à 8% ce qui nous avait fait perdre énormément de clients, mais pour quelle raison l’avons nous fait ?
Les problèmes de GTC SA ne datent pas d’aujourd’hui et sans l’acharnement des médias, ce problème aurait été vite mis aux oubliettes.
En créant GTC SA nous avons très vite été dépassés par les fonds sous gestion. Notre entreprise avec son caractère particulier n’a pas eu la chance de copier un business model comme d’autres le font avec nous, nous avons dû tout imaginer et s’adapter continuellement. C’est avec GTC que nous avons compris que gérer 10 millions et gérer 1 milliard n’est pas vraiment la même chose. Nous étions 7 traders au départ, à la création de GTC SA , on ne pouvait pas à nous seuls gérer tous les fonds, donc nous avons recruté près d’une vingtaine de nouveaux traders qui ont peiné à trouver leurs marques. Sur deux à trois mois, malgré l’organisation particulière en salle de marché, les résultats n’étaient pas réellement au rendez-vous, nous nous sommes quand même efforcés de payer les clients réduisant considérablement les fonds sous gestion.
Le deuxième problème était directement lié à l’achat des monnaies électroniques et leur écoulement. Après le dépôt des clients, il faut acheter de la monnaie électronique et approvisionner la salle de marché; au fur et à mesure que les dépôts devenaient importants, plus dur était l’acquisition de la monnaie qu’on utilisait. Également après les opérations sur les marchés, il était difficile de vendre à temps cette monnaie pour payer les investisseurs et aucune structure de la place , s’ils font réellement du trading n’échappe à cette réalité.
En trois mois on avait perdu près de la moitié de notre portefeuille en paiement des clients ce qui nous rattrapait progressivement.
Comment fonctionnaient vos salles de marché?
Ghislain Emerice Awaga : Les traders travaillaient individuellement avec des comptes de près de 30 000 dollars chacun et d’autres allaient bien au-delà. Ils avaient un objectif de 1-5% de gain journalier et un seuil de 2-3% de pertes ce qui devait nous permettre d’atteindre une rentabilité mensuelle de 25% et plus malgré les mauvaises journées mais c’était difficile.
Ils avaient des contrôleurs qui surveillaient leurs trades et intervenaient au besoin.
Avec les difficultés rencontrées progressivement on a plusieurs fois changé de mode de fonctionnement en adoptant soit le travail en groupe (qui présentait ses avantages ou ses inconvénients) ou le travail individuel.