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Togo : malgré le coût relativement bas du carburant à la pompe, les zedman préfèrent le boudê

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Un peu partout à Lomé et dans presque toutes les autres villes de grande affluence du pays, il n’est pas rare de voir une bouteille, une dame-jeanne ou un bidon, disposés négligemment sur une table ou un amas de pierres en bordure de route, comme des objets abandonnés, mais en réalité des récipients contenant souvent un liquide plus ou moins coloré et transparent.

Bien connus des zedman, ces points symbolisent des lieux où on peut se ravitailler en carburant frelaté ou ‘‘Boudê’’. Et même si la qualité du produit est sujette à caution, peu de gens s’en plaignent. En tout cas, très peu pour les revendeurs qui carrément s’en frottent les mains. Car au-delà des risques encourus, le secteur est des plus lucratifs. Pour cause, très souvent et malgré la baisse récente des prix des produits à la pompe, les zedman préfèrent s’approvisionner chez eux.

A la question de savoir pourquoi cette préférence, de nombreux zedman ont avancé l’argument de la célérité du service. En effet, ils préfèrent serrer un moment au bord de la voie goudronnée et se faire servir tout en continuant à chercher des clients pour repartir aussitôt que d’aller se soumettre à une queue parfois interminable dans une station service car jonchée de véhicules.

C’est le cas de Steve, jeune conducteur de taxi-moto dans la capitale. « Souvent, quand on arrive dans certaines stations pour acheter l’essence, il faut attendre d’abord. Or, les clients ne vont pas attendre indéfiniment au bord de la route ».

Et d’ajouter « Parfois, on a déjà pris le client et on veut juste compléter l’essence avant de se lancer dans la circulation. Et c’est à ce moment qu’il y a une queue à suivre. Chez le revendeur de ‘‘Boudê’’, ça va au moins un peu plus vite ».  

A cela s’ajoute, comme autre argument, la rupture de stock parfois dans certaines stations, ou pire, une pénurie dans toute une zone. «Ici, c’est Togo. Tout peut arriver à tout moment. Le prix du carburant à la pompe peut grimper ou descendre du jour au lendemain. Ou carrément, l’essence va manquer dans cette station ou l’autre. Et il faut aller autre part en espérant. Vous voyez tout ça ? Chez ‘‘Boudêtor’’, on peut entendre ça difficilement ».

En vérité, si ses conséquences sont nombreuses sur la santé, ses effets néfastes sur l’environnement ne sont pas moins négligeables. En effet, l’essence frelatée est un produit issu de la contrebande, sujet à un stockage dans des conditions déplorables (des récipients avec des gouttes d’eau, d’huile, ou des résidus de gasoil) et à des manipulations diverses (mélanges avec du pétrole lampant et du colorant pour en augmenter la quantité).

Un ensemble de points qui en altèrent la qualité. Sans oublier le fait que généralement le produit est vendu en plein air. Dans un engin, il peut détruire le circuit d’injection, la pompe ou/et le filtre à essence pour les véhicules. Il accroît aussi la concentration des particules fines dans l’air, provoquant la pollution de l’environnement et des maladies. Le comble, on ne compte plus tous les incendies et les pertes tant en vies humaines qu’en biens matériels dont il est la cause.

En dépit des efforts des autorités pour l’éradiquer, une baisse conséquente des prix à la pompe et une traque policière notamment, la distribution du carburant frelaté demeure une pratique courante au Togo. Le phénomène n’est pas nouveau et reste connu de tous !