Antibiotiques, antidouleurs, antipaludéens… des nouveaux aux plus anciens, en boîte ou à l’unité…les médicaments contrefaits communément appelés ‘‘médicaments de rue’’ ou ” pharmacie par terre” se retrouvent un peu partout et semblent traiter tout. Néanmoins, au lieu de guérir, généralement, ils sont la source d’autres maux voire de décès, car souvent mal dosés, ou contenant un tout autre produit que celui indiqué.
En raison de sa rentabilité et des conditions de vie dans lesquelles se trouvent les populations, le marché illégal des médicaments de rue s’est développé durant les dernières décennies dans les pays en voie de développement notamment le Togo. Absence de cadre légal rigoureux, le trafic de faux médicaments est puni comme un simple délit de contrefaçon, quelques mois en prison tout au plus.
Un médicament sur dix dans le monde est une contrefaçon, selon un rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Des contrefaçons généralement fabriquées en Chine, en Inde ou au Pakistan et qui sont déversées en Afrique. A Lomé, il suffit de faire un petit tour dans les marchés, pour se rendre compte de toute l’ampleur et la gravité de la situation. Ici et là, des revendeuses ont étalé ces médicaments soit sur des étagères, soit dans des paniers, soit dans des bassines à même le sol.
Il s’agit des “bonnes dames” et elles vendent un peu de tout ; comme n’importe quelle marchandise, en gros comme en détail notamment des boites de gélules, des paquets de comprimés et des flacons de sirop. Le comble de l’arnaque, les emballages sont très bien ajustés pour la plupart des produits comme ceux des firmes pharmaceutiques.
Les retombées de la consommation des médicaments de la rue sur la santé sont indénombrables. A ce rang, peuvent être citer entre autres, des intoxications, la destruction du foie, du cœur et des reins. Selon l’OMS, les médicaments “falsifiés ou de qualité inférieure” causent la mort de plus de 100 000 personnes en Afrique.
Dans les rues de Lomé, les avis divergent sur ces médicaments. « On n’a pas les moyens pour aller à l’hôpital. Sinon tout le monde veut aller à la pharmacie », explique Fovi, un consommateur de médicament de rue. “Je suis porte-faix à Assigamé. Le soir, en rentrant, j’ai mal partout, mais les enfants… Alors je passe chez la revendeuse. Elle me fait un bon mélange. Et ça va ! » , confie une dame.
Navi n’est pas de cet avis en déclarant : ‘‘ Je n’achète plus les médicaments de rue, car ça peut engendrer d’autres maladies dont les maladies des reins. Je connais quelqu’un qui est mort comme ça. Depuis, j’ai arrêté’’.
Malgré les efforts du gouvernement engagé dans la lutte contre le fléau à savoir la saisie et la destruction de grandes quantités de médicaments de rue, les campagnes de sensibilisation,… “le phénomène reste important” et implique “des réseaux criminels très organisés”, selon le Dr Innocent Koundé Kpéto, président de l’Ordre national des pharmaciens du Togo.