Essowè Odile TCHAOU fait partie de ces jeunes togolais qui, de par leur cursus à l’étranger et leur engagement, font la fierté de leurs compatriotes. Si la filière scientifique choisie pour ses études peut étonner certains, sa passion pour les chaussures pour homme est tout aussi déconcertante. Mais ce n’est pas fortuit, car pour elle, ce n’est pas qu’en étant cordonnier qu’on peut chausser des gens.
Et pour faire cette différence la jeune Togolaise Essowè Odile TCHAOU a lancé sa propre marque de chaussures, proposant des produits qui conjuguent à la fois sa passion pour le cuir et la recherche de la qualité.
Ni les difficultés liées à la complexité de sa filière, encore moins le fait de poursuivre ses études de Master en Génie civil au Maroc avec toutes les contraintes que cela peut impliquer, n’ont réussi à émousser son goût pour les belles chaussures pour hommes et de surcroît son rêve de permettre à tout homme d’être stylé comme l’était son père.
En 2018 débute la fabuleuse aventure, avec le lancement de sa marque de chaussures. Une ligne exclusivement dédiée aux hommes et dénommée ‘Edem’ (il m’a délivré,-traduction de l’éwe-, un dialecte au sud du Togo).
L’histoire d’une passion
Pour la jeune femme, l’histoire a commencé depuis sa tendre enfance. Toute petite, elle était fascinée par les souliers de son père. Un vrai connaisseur pour qui les souliers n’ont aucun secret et qui lui apprenait à les lui cirer.
Alors, chaque soir, la petite Odile redonnait de l’éclat aux chaussures de son père. Un coup de brosse par-ci, un peu de mousse par-là tout en y apportant sa touche personnelle. Et son père était chaque fois ému de la qualité du travail effectué.
Plus grande, cette passion pour les chaussures d’hommes n’a pas baissé d’un iota malgré ses études en Génie Civil. C’est ainsi que la jeune dame prenait plaisir à observer, analyser, admirer, ou parfois critiquer les chaussures des hommes qu’elle croisait. Ce qui la mena finalement à un constat. ‘Trouver des souliers de qualité à un prix raisonnable pouvait être un casse-tête pour qui n’est pas patient ou ne sait pas où chercher’.
Tout connaisseur en matière d’habillement sait que la chaussure, au-delà des vêtements est la pierre angulaire d’une sape posée. C’est pourquoi la jeune Togolaise décida d’apporter son aide à ces messieurs qui peinent à se trouver des chaussures convenables pouvant allier style, élégance, prestige et raffinement tout en conjuguant le rapport qualité-prix.
Elle décida alors de lancer sa marque. Ainsi est née ‘Edem’. Une marque de chaussures, pur cuir intemporel agrémenté d’une semelle cousue qui gardera les pieds tout sec.
De la passion à la start-up
Pour mener à bien son projet, Odile sait s’entourer. Au lead d’une équipe de (6) personnes dont 1 informaticien, 3 chargés de l’approvisionnement et de la production et 1 représentant en Afrique de l’Ouest dans sa Lomé natale, la start-up Edem, 1 an à peine entamé, produit en moyenne (50) souliers par semaine.
Un rythme qu’Odile jumelle avec ses études en ayant une discipline de vie pour ne pas perdre de vue son objectif premier au Maroc.
« Il faut une discipline de vie pour effectuer ses études et vivre cette passion qui s’est transformée en une entreprise », indique-t-elle.
« J’ai un planning que je respecte. Un temps pour les études et un temps pour ma passion. Cela ne veut pas dire que je ne m’amuse pas comme tous les jeunes, mais quand il y a le travail, il faut de la rigueur. Les samedi et dimanche, je passe la plupart de mon temps à l’atelier, même si je m’appuie sur l’équipe. »
La grande surprise de son mentor
Le père d’Odile a été le déclencheur de cette passion. Mais grande fut sa surprise lorsqu’il comprit la tournure qu’a pris cette passion suscitée en elle. « Au début, il n’était pas au courant de mon projet. Il avait vu une photo des souliers sur mon profil WhatsApp et m’avait demandé si je pouvais lui commander celle dénommée Oxford dans la boutique où je l’ai vue. Naturellement, j’ai répondu par l’affirmatif et je lui ai donné le coût », révèle-t-elle.
« Mais quelques jours avant qu’il n’envoie l’argent, je lui ai expliqué que c’était mon projet et que j’avais produit le soulier qu’il souhaitait commander. Grande était sa surprise puisque c’est un projet que j’ai mis en place avec mes économies sans rien lui demander pour commencer », explique-t-elle, avant d’indiquer, « ce fut une surprise agréable. Mon père est fier de moi, idem pour ma mère du moment où je poursuis mes études de Master. »
Mais jusqu’où ira l’idylle Odile-Edem ?
Malgré la jeunesse de son entreprise, la qualité de son cuir et la finition des chaussures de la marque ‘Edem’, inspirée des grands classiques de chaussures pour homme, n’ont rien à envier aux plus grandes marques. Un aspect qui séduit sa clientèle maghrébine et d’autres continents qu’elle compte toucher davantage avec une stratégie de communication digitale bien huilée tout en renforçant la productivité de l’entreprise.
A la question, ‘pourra-elle cumuler la vie d’ingénieur génie-civil et celle d’entrepreneure ?’ ; elle répond toute sereine : « la vie ne s’arrête pas au génie civil. Rien ne m’empêche de pousser ma curiosité sur d’autres domaines. Le boost, c’est que, quand le travail devient une passion c’est une autre dimension. Laissons l’entreprise grandir, nous en déciderons le moment venu. »