Inauguré par le premier président du Togo, Sylvanus Olympio, dont il porte le nom depuis 2012, le Centre Hospitalier et Universitaire de Tokoin (ancien nom) est un établissement public, dont le principal objectif est de prendre soin de la santé des individus à travers les consultations et le diagnostic des maladies.
Délaissé par les riverains, qui ne s’y rendent qu’en cas d’absolue urgence, sa réforme a nécessité le recours à des partenaires privés sous contrat avec l’Etat afin d’améliorer ses prestations de soins. Et pourtant, ils sont encore nombreux dans le 5e district de santé de la capitale à rechigner d’y mettre pied.
De nombreuses raisons poussent les riverains de la zone de Tokoin à ne pas toujours se référer au CHU Sylvanus Olympio pour leur prise en charge sanitaire. Outre l’accueil glacial des agents et personnels de santé, et le manque d’équipements adéquats pour la prise en charge de divers examens, le phénomène de la vente illicite des médicaments, et le racket prennent de plus en plus d’ampleur dans l’établissement.
« Tout commence par l’ordonnance. Il suffit qu’on te prescrive les produits, pour que quelqu’un te dise que tu peux en payer un certain nombre à un certain prix, et d’aller chercher le reste en pharmacie ; alors qu’on dit que les soins sont sensés être gratuits », soutient un riverain.
Et à un autre d’ajouter : « Le reste des médicaments, gants et autres que vous payez ne sont pas remis. Ils les gardent et n’hésitent pas à les revendre à la moindre occasion ».
Pire, le traitement réservé aux patients, même en extrême urgence, amène beaucoup à se poser des questions. Claude se souvient, les larmes aux yeux de la journée du 10 septembre 2015 qui l’aura marqué à jamais. « Je venais d’avoir un accident, j’étais paralysé de la taille aux membres inférieurs, je ne savais pas ce que j’avais et la douleur était intenable. Je me souviens juste que j’ai été ramené par des sapeurs-pompiers au CHU SO à 15 h. Deux de mes amis étaient là depuis le lieu de l’accident et avaient déjà acheté les bons d’admission. Je n’avais même pas encore été placé dans un lit, mais une aide-soignante nous réclamait déjà l’argent du plastique qui devait servir à couvrir le matelas. Ensuite, je suis resté là de 15 h à 18 h sans aucun soin, à part une piqûre qu’on m’a faite dans la cuisse droite. On ne nous disait rien, on ne s’est même pas gêné pour savoir si j’avais une hémorragie interne ou pas. Ce n’est que vers 18 h dépassées et quand mes amis avaient commencé à tempêter, que les infirmiers nous apprennent que la radio est en panne et que sans radiographie, ils ne pouvaient pas savoir ce que j’avais. Dès que nous sommes sortis du CHU SO, mes amis m’ont amené à Kpalimé au CHP où j’ai été pris en charge comme il faut. J’aurais pu mourir à tout moment puisque j’avais une fracture de la hanche avec des lésions internes dans le muscle. »
En outre, le fait, pour certains prestataires du centre, de détourner des malades au profit de leurs cabinets privés y joue aussi une large partition. Un malaise auquel s’additionnent certaines tares du personnel comme les violences, pour la plupart, verbales.
En partenariat avec le ProCema, le centre s’est vu doté d’un bureau des plaintes depuis novembre 2020. Une initiative qui permettra d’améliorer les conditions d’admission des patients, et incitera le corps dudit centre à plus d’empathie et de professionnalisme.