La viande du chien est un élément central et primordial dans les rites initiatiques du peuple Kabyè. Cette chair, souvent conseillée aux lutteurs, leur donne le courage et l’endurance en cette période où ils ont plus besoin de force et de ruse pour terrasser leurs adversaires.
Le chien est réputé pour son habilité à la chasse et son rôle de gardien de maison. En période des rites initiatiques traditionnels des Evala, la chair du chien intervient à divers niveaux.
Le chef du village de Lama Féying, Bewila Kpatcha, relève que la consommation de la viande du chien par l’aspirant Evalou, ne se fait pas par simple plaisir ou de façon volontaire, mais par une prescription nécessaire à l’accomplissement des rites initiatiques.
« L’initié qu’il le veuille ou non, est tenu de consommer la chair de chien pour acquérir les qualités reconnues à cet animal, notamment le savoir-faire, l’endurance, la ténacité, la force physique et de l’intelligence », a-t-il affirmé.
Le chef village a indiqué que la consommation de la viande du chien s’étend en principe sur les trois années que dure l’initiation.
« Les jeunes en voie d’initiation sont conduits dans un endroit identifié, communément appelé « Ahoyé », un lieu sacré interdit d’accès aux femmes et enfants et loin des maisons.
Dans ce lieu sacré, chaque jeune apporte son chien pour être abattu conformément aux rituels qui consistent à tenir le coup de l’animal par les mains d’un groupe d’Evala et l’étouffer à mort.
Les carcasses des chiens sont décapitées, préparées et mangées sur place. Les crânes quant à eux sont alors accrochés à un arbre généralement un baobab puis la graisse recueillie est utilisée pour passer sur le corps des futurs lutteurs facilitant ainsi la glissade au moment de la lutte.
C’est ce qui fait qu’au cours de la lutte, les Evala puisent la terre dans leurs mains afin de surpasser les difficultés liées aux glissades du corps de leurs adversaires », a révélé le chef Bewila Kpatcha.