Quelque 5000 Tunisiens, avec un seul slogan « non aux camions de la mort », ont manifesté hier lundi 29 avril à Sidi Bouzid, berceau de la révolution de 2011 situé dans le centre du pays, pour protester contre la marginalisation de leur région. Les écoles, les hôpitaux et les services publics sont restés fermés à l’appel des syndicats qui avaient lancé un mot d’ordre de grève.
Le mouvement a été lancé en réaction à la mort de douze employées agricoles samedi dernier dans un accident de la route alors qu’elles étaient transportées dans des conditions de sécurité déficientes. Ce n’est pas la première fois que des accidents de ce genre se produisent.
Cette tragédie relance le débat sur l’inégalité entre les régions dans le pays. Depuis plusieurs années, la presse relate des faits similaires en Tunisie.
« Cette grève est un soutien pour les victimes de cette tragédie », a déclaré Mohamed Azhar Gamoudi, un responsable de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) la principale centrale syndicale de Tunisie.
« Nous souffrons dans la région de Sidi Bouzid de marginalisation et de très mauvaises conditions de travail », a-t-il ajouté.
Tout récemment, le ministère de l’Intérieur a fait état de l’urgence d’octroyer des permis exceptionnels pour transporter les ouvrières en toute sécurité.
Le secrétaire général de l’association Égalité régionale, Mohamed Ben Brahim, en colère, signale que ce drame reflète le délaissement des régions rurales comme Sidi Bouzid où rien n’a été fait pour améliorer la situation de ses habitants.
Selon lui, une loi aurait déjà dû être mise en place depuis longtemps, comme au Maroc, où il a réduit de 70 % les accidents de ces ouvrières.
En décembre 2010 dans la région de Sidi Bouzid, un jeune vendeur de rue, Mohamed Bouazizi, s’était immolé par le feu. Cet acte a été le déclencheur de la révolution du jasmin qui a conduit en janvier 2011 au renversement du président Zine El-Abidine Ben Ali et au lancement du mouvement des « printemps arabes».