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Procès historique : l’ancien ambassadeur du Vatican en France jugé pour agressions se3uelles

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Nommé par Benoît XVI en 2009, Luigi Ventura a longtemps été ambassadeur du Vatican en France. A ce titre, le Lombard était chargé des relations du Saint-Siège avec les autorités françaises d’une part et avec les évêques d’autre part. Mais ses fonctions ont pris fin en décembre 2019, après qu’il a été impliqué dans une embarrassante affaire d’agression sexuelle. Plusieurs hommes ont déposé plainte contre lui, affirmant avoir été victimes de gestes déplacés de la part de cet évêque aujourd’hui âgé de 75 ans alors qu’il était dans l’exercice de ses fonctions. Pour ces faits, il sera jugé ce mardi devant le tribunal correctionnel de Paris.

L’affaire éclate début 2019 lorsque Mathieu de la Souchère, responsable des événements internationaux à la mairie de Paris, porte plainte pour « agression sexuelle ». Quelques jours plus tôt, le 17 janvier, le nonce apostolique en France était invité par Anne Hidalgo à assister à la cérémonie des vœux aux autorités civiles et religieuses à l’hôtel de ville de Paris. Le jeune cadre municipal, qui l’a rencontré à cette occasion, l’accuse de lui avoir touché les « parties intimes » à trois reprises, dont une fois devant des témoins. « Il agissait en toute impunité, de manière non cachée, de manière très sûre de lui, avec aucune retenue, aucune gêne, avait raconté à l’époque le jeune homme à BFM TV. Il le faisait les yeux dans les yeux. »

« Des plaignants extrêmement sérieux et crédibles »

« En médiatisant cette affaire, mon client a permis de faire venir à la justice d’autres plaintes et témoignages », souligne auprès de 20 Minutes Me Elise Arfi, l’avocate de Mathieu de la Souchère. Par la suite, quatre autres hommes ont rapporté des attouchements similaires de la part du prélat italien lors d’évènements publics en France, entre janvier 2018 et février 2019. Un séminariste a dénoncé des gestes comparables à l’occasion d’une messe tandis qu’un autre salarié de la mairie de Paris, âgé d’une quarantaine d’années, a porté plainte pour des faits commis lors d’une autre messe, un an plus tôt. Deux autres hommes se sont aussi manifestés.

L’un d’eux, un haut fonctionnaire du Quai d’Orsay, n’a cependant pas souhaité se constituer partie civile. « Ce sont des gens qui ont des profils extrêmement solides, ils n’en rajoutent pas. Ce sont des plaignants extrêmement sérieux et crédibles, tous », insiste Me Arfi. Le 24 janvier 2019, le parquet de Paris ouvre une enquête. Six mois plus tard, le 8 juillet, au terme d’une âpre bataille, la France obtient la levé de l’immunité diplomatique de Luigi Ventura. En décembre de la même année, le pape François accepte sa démission, en évoquant une « limite d’âge ». A l’issue de son enquête, le parquet a renvoyé cet évêque entré au service diplomatique du Saint-Siège en 1978 devant le tribunal correctionnel.

« La partie émergée de l’iceberg »

« On attend beaucoup de ce procès qui sera historique, relève Me Jade Dousselin, avocate de l’un des plaignants. C’est la première fois que quelqu’un du Saint-Siège va répondre de ses actes devant la justice ». Son client, qui était l’un des community manager d’Anne Hidalgo, « sait qu’il n’obtiendra pas la vérité et des aveux de luigi ventura donc il attend une vérité judiciaire ». Elle estime que la justice « va juger la partie émergée de l’iceberg ». « Il s’agit des faits qui se sont déroulés sur un an. Sur cette période, rien qu’en France, il y a quatre faits. Si on était allé plus loin, si on avait cherché avant ce qui avait pu se passer – même à l’étranger – ma conviction, c’est qu’on aurait découvert bien plus de victimes que ça ».

Contactée par 20 Minutes, l’avocate de Luigi Ventura indique que son client attend de ce procès « que la lumière soit faite et que son innocence soit reconnue ». « Il ne reconnaît en rien aucune connotation sexuelle à aucun des gestes qu’il aurait pu avoir », ajoute Me Solange Doumic, soulignant qu’elle « espère qu’il sera relaxé ». « Il ne pourra pas être présent, même s’il le voulait vraiment, prévient-elle. Mais son médecin lui a dit que ce n’était pas raisonnable ». Le prévenu encourt une peine de 5 ans de prison et de 75.000 euros d’amende.

 

Avec 20minutes