Les cas sont extrêmement rares, dix tout au plus recensés dans le monde. Le phénomène de superfétation est un sujet restant encore difficile à aborder de par sa complexité.
Ce phénomène naturel se traduit par la fécondation et l’implantation d’une nouvelle grossesse dans un utérus qui contient déjà une grossesse en développement.
Normalement, lorsqu’une femme est enceinte, les ovaires cessent d’envoyer des œufs vers l’utérus après que le système hormonal l’a informée de la préparation de la grossesse. Mais dans le cadre d’une superfétation, le corps peut libérer un autre œuf.
En effet, la superfétation est un phénomène se traduisant par la conception d’un nouvel embryon quelques jours seulement après une première conception, même si la libération des ovules devrait normalement cesser une fois la femme enceinte.
Ce phénomène est en fait beaucoup plus fréquent chez les mammifères autres que l’homme tels que les rongeurs, les lapins, les chevaux, les moutons ou encore chez les kangourous. Parfois, ces animaux ont deux utérus pour faciliter la double grossesse ou leur cycle menstruel continue simplement pendant la grossesse. Mais chez les humains, la superfétation semble plus relever d’un accident très rare.
Dans quel cas avons-nous affaire à une superfétation ?
Philippe Deruelle, gynécologue-obstétricien et secrétaire général du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français, avance que le phénomène de superfétation implique la conjonction d’un certain nombre de facteurs. Il faut deux rapports fécondants et un ovocyte (ovule) qui dure, car la durée de vie d’un ovocyte est de 3 à 5 jours et met en évidence deux hypothèses. Soit, les deux ovulations sont décalées dans le temps, ce qui est sur le plan hormonal, compliqué, soit les deux rapports ont engendré deux fécondations.
Il précise également que ce phénomène n’a pas d’impact sur la santé des fœtus et que les deux grossesses auront une surveillance normale, comme pour des jumeaux. « Il n’y aurait aucun effet négatif pour les bébés, autres que les risques habituels liés à la naissance de jumeaux » a même déclaré à
The Independent, le Docteur Suvir Venkataraman de la clinique de fertilité Harley Street.
Environ 10 cas recensés dans le monde
L’un des dix cas recensés dans le monde concerne Kate Hill, une Australienne tombée enceinte à deux reprises de deux petites filles nées le même jour. En 2006, la jeune femme a appris qu’elle était atteinte du syndrome de Stein-Leventhal, plus communément connu sous le nom “d’ovaires polykystiques”, un trouble engendrant un déséquilibre hormonal et perturbant l’ovulation.
Après avoir subi un traitement, elle est tombée enceinte une première fois et dix jours plus tard, elle apprit qu’elle attendait un second enfant, comme par miracle.
Le Docteur Brad Armstrong, obstétricien à l’hôpital de Brisbane (Australie), a déclaré au magazine Today Tonight qu’il y a tellement peu de sources d’informations tangibles sur le phénomène de superfétation dans la littérature scientifique, qu’il a été contraint d’avoir recours au moteur de recherche Google afin de pouvoir recueillir des informations sur ce phénomène rarissime. Une publication sur le Daily Mail a également expliqué la rareté de ce syndrome.
N’étant pas conçues au même moment, les deux petites filles de Kate Hill, encore dans le ventre de leur maman, avaient une date de terme différente et pour éviter tout risque de complication, il avait été programmé un accouchement par césarienne pour l’Australienne. Charlotte et Olivia sont finalement nées avant la date du terme, en bonne santé. Selon les rapports médicaux, chacune avait un poids, une taille, un groupe sanguin et un développement gestationnel différents.
Pourquoi de tels cas se produisent ?
Pour qu’un tel phénomène puisse se produire chez les humains, il semblerait que des facteurs biologiquement impossibles doivent avoir lieu, selon Khalil A. Cassimally.
Celui-ci déclare à Scientific American, que pour qu’une ovulation soit possible pendant une grossesse en cours, le sperme doit en quelque sorte trouver son chemin à travers le col bloqué à l’oviducte (conduit par lequel l’ovule quitte l’ovaire) et enfin s’implanter avec succès dans un utérus déjà occupé.
Étant donné le faible nombre de cas rapportés et vérifiés scientifiquement, on ne sait à ce jour, pourquoi la superfétation arrive à se produire et s’il existe des facteurs qui peuvent augmenter les chances que le phénomène se produise.