Ces derniers mois, de nombreux responsables républicains ont déclaré publiquement leur scepticisme, voire leur hostilité à l’idée d’un second mandat de Donald Trump, renvoyant aux temps où le milliardaire était encore un élément exogène du Grand Old Party (GOP).
Ces signes de défiance et ces changements d’allégeance existent à chaque élection, mais ils sont cette fois particulièrement nombreux et virent au soutien assumé pour Joe Biden. Quel impact peuvent-ils avoir sur les électeurs indécis et républicains ? Ces « crossover endorsements » en ont traditionnellement peu dans le cadre d’une élection présidentielle, hormis peut-être pour la réélection de Richard Nixon, boosté en 1972, par les « Démocrates pour Nixon ».
Mais cette fois, comme le relève l’analyste de CNN Ronald Brownstein, « presque tout le monde sur cette longue liste de transfuges républicains est exactement le genre de blanc actif et diplômé que Biden, les sondages le montrent, est en voie de gagner, dans une mesure jamais atteinte par un candidat démocrate ». Un atout que l’ancien vice-président utilise abondamment depuis la convention démocrate, en août.
Voici un tour d’horizon non exhaustif de ces défections de poids pour le président sortant.
- Ceux qui voteront Joe Biden
– Anthony Scaramucci, éphémère (2 semaines) directeur de la communication de Trump à la Maison-Blanche a traité le président de « fou », en déclarant dès mars sur CNN, « bien sûr, je ferai campagne pour Joe Biden. Je suis un républicain qui vote Biden parce que Trump n’est pas un républicain »
– L’ancien secrétaire d’État, Colin Powell, a annoncé en juin qu’il voterait Biden, en estimant que le président Trump « mentait sur plein de choses ». Il a également mis en avant sa proximité politique avec l’ancien vice-président, avec lequel il a travaillé pendant plus de 35 ans, en réaffirmant son soutien lors de la convention démocrate.
– Cindy McCain, la veuve du sénateur de l’Arizona et ancien candidat à la présidence, John McCain, était apparue dans une vidéo diffusée lors de la convention démocrate, pour dire le respect et l’amitié qui liait Joe Biden à son ex-mari. Elle l’a répété le 23 septembre sur Twitter, en affirmant qu’il était « le seul candidat dans la course à défendre nos valeurs comme nation ».
Si l’inimitié entre McCain et Trump n’a jamais été un secret, les révélations de The Atlantic sur le mépris qu’aurait exprimé Trump envers les militaires morts au combat a joué dans son soutien, a-t-elle également expliqué, en tant que veuve de vétéran et mère d’enfants ayant servi dans l’armée. Comme elle, des centaines d’anciens collaborateurs de McCain ont apporté leur soutien à Biden dans une lettre publiée fin août.
– John Kasich, ancien gouverneur de l’Ohio, et ex-adversaire de Trump à la primaire républicaine de 2016, a mis en avant « l’expérience, la sagesse et la décence » de Joe Biden pour justifier son choix.
– Meg Whitman, l’ancienne PDG d’eBay puis de Hewlett-Packard, soutien de Mitt Romney puis de John McCain, a déclaré que Donald Trump n’avait « aucune idée de la manière de diriger entreprise, encore moins l’économie d’un pays ». Elle avait déjà soutenu Hillary Clinton en 2016.
– Carly Fiorina, ex-DG de Hewlett-Packard, ancienne candidate à l’investiture républicaine il y a quatre ans, a déclaré qu’elle ne soutiendrait pas Trump et que « les élections sont des choix binaires », en saluant « l’humilité, l’empathie et le caractère » de Joe Biden.
– Plus de 70 officiels républicains à la sécurité nationale ont également signé une lettre de soutien au démocrate, estimant que Donald Trump « n’était pas fait pour diriger ». Sur cette liste figurent l’ancien secrétaire à la Défense, Chuck Hagel, l’ex-patron de la CIA et du FBI William Webster ou l’ex-directeur de la CIA et de la NSA Michael Hayden. Ce dernier, dont la parole est rare depuis qu’il a fait un AVC en 2018, a publié une vidéo remarquée le 7 octobre. Il explique ainsi que, bien que très souvent en désaccord avec les politiques défendues par Biden, « c’est un homme bien. Pas Trump », ajoutant qu’un second mandat serait dangereux pour les États-Unis.
-Une centaine de responsables étiquetés républicains ou indépendants se sont réunis au sein d’une coalition pour soutenir Biden et le faire savoir régulièrement dans les médias.
– Le New York Times dresse également la liste de 25 membres du Congrès originaires de tous les États-Unis qui ont choisi de donner leur vote au candidat démocrate.
– D’anciens collaborateurs et conseillers du président Bush ont fait de même en publiant une lettre, sans mentionner le nom de Donald Trump.
- Ceux qui ne soutiennent pas Donald Trump
D’autres républicains ont simplement fait savoir qu’ils ne voteraient pas pour le président sortant, sans pour autant plébisciter Biden.
– L’ancien président républicain George W. Bush n’a pas dit pour qui sa voix irait, en novembre, mais il n’a pas soutenu Trump en 2016, et à en croire son entourage, il n’aurait pas l’intention de voter pour lui.
– Critique de longue date de Trump et seul sénateur (Utah) républicain à avoir voté pour la condamnation du président lors de son procès en impeachment, Mitt Romney laisse planer le doute sur son vote, mais ne donnera pas sa voix à Trump. Il avait néanmoins accepté le soutien du président pour son élection au Sénat. Un groupe Romney for Biden, composé d’anciens collaborateurs de l’ex-candidat à la présidentielle, a publié un communiqué pour soutenir Biden, lors de la convention du GOP.
– L’ancien conseiller à la sécurité nationale John Bolton a dit à plusieurs reprises, et notamment dans son livre The room where it happened qu’il ne voterait pas pour Trump et qu’à la place, il inscrirait le nom d’un républicain, sans dire lequel.
– John Boehner, ancien speaker à la Chambre des représentants, ne cache pas son antipathie pour le président sortant, mais n’a pas dit pour qui il voterait. Il en va de même pour Paul Ryan, son successeur au perchoir.
– John Kelly, ancien chief of staff du président, a indiqué qu’il ne voterait pas pour Trump, tout en regrettant de ne pas avoir plus de choix. En juin, il avait déclaré sur CNN : « Je pense que nous devrions faire plus attention à la personne que nous élisons ».
– Lisa Murkowski, sénatrice de l’Alaska, a fait savoir qu’elle avait du mal à prendre une décision. Le 20 septembre, elle a annoncé qu’elle voterait contre le souhait de Donald Trump de voir le Sénat confirmer sa candidate à la Cour suprême avant les élections.
Source : Le Figaro