Des forces de l’Armée nationale libyenne (ANL) de l’homme fort de l’est libyen, Khalifa Haftar, ont pris position jeudi 4 avril au soir sur un barrage de sécurité à 27 km à l’entrée ouest de la capitale libyenne Tripoli, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse. Le commandant des opérations militaires de l’ANL dans la région ouest, le général Abdessalem al-Hassi, a confirmé à l’Agence France-Presse que ses forces s’étaient emparées du barrage sans combats.
En effet, le maréchal Khalifa Haftar, a ordonné jeudi à ses forces « d’avancer » en direction de la capitale Tripoli, siège du gouvernement d’union nationale (GNA), renforçant les craintes d’un nouvel embrasement dans ce pays plongé dans le chaos. « L’heure a sonné », a-t-il ajouté dans une déclaration diffusée sur la page Facebook du « bureau des médias » de l’Armée nationale libyenne (ANL), autoproclamée par le maréchal Haftar.
Le spectre d’un nouvel embrasement en Libye a refait surface mercredi soir, après l’annonce par les forces pro-Haftar de la préparation d’une offensive pour « purger l’Ouest » libyen « des terroristes et des mercenaires », sans identifier davantage leurs cibles. Cette annonce avait été faite par le général Ahmad al-Mesmari, porte-parole de l’ANL, au cours d’une conférence de presse à Benghazi (est). Il avait ajouté que ces « préparatifs » étaient « sur le point de s’achever ».
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Le secrétaire général de l’ONU présent à Tripoli
Jeudi, dans sa première prise de parole sur le sujet, le maréchal Haftar a, lui, promis d’épargner les civils, les « institutions de l’État » et les ressortissants étrangers. Du côté du gouvernement internationalement reconnu (GNA), le Premier ministre Fayez al-Sarraj a donné mercredi soir l’ordre aux forces qui le soutiennent de se tenir prêtes pour « faire face à toute menace ». Des puissants groupes armés de la ville de Misrata (ouest) loyaux au GNA se sont dits « prêts » « à stopper l’avancée maudite » des troupes du maréchal Haftar. La communauté internationale a fait part ces dernières heures de son inquiétude face au risque « d’escalade » et de « confrontation ».
« J’appelle au calme et à la retenue alors que je me prépare à rencontrer les dirigeants libyens », a clamé dans la matinée sur Twitter le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui se trouve actuellement à Tripoli. Il n’existe « pas de solution militaire », a-t-il réaffirmé. Plongé dans le chaos à la suite de la chute de la dictature de Muammar Kadhafi en 2011, la Libye est principalement divisée entre deux autorités rivales : à l’ouest, le GNA de Fayez al-Sarraj, établi fin 2015 par un accord parrainé par l’ONU et basé à Tripoli, et à l’est l’ANL autoproclamée du maréchal Haftar.
Dans un communiqué commun, Washington, Paris, Londres, Rome et Abou Dhabi ont appelé jeudi « toutes les parties » libyennes à faire baisser « immédiatement les tensions » dans le pays. La diplomatie russe a de son côté indiqué travailler au règlement de la crise libyenne « par des efforts politico-diplomatique ».
Le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir en urgence vendredi à 19 heures GMT, à la demande du Royaume-Uni, pour discuter de la situation libyenne, ont indiqué des diplomates. « La voie des conflits armés risque d’alimenter une escalade de violence destinée à éloigner, au lieu de rapprocher, un parcours de paix et de stabilité auquel le peuple libyen a pleinement droit », a réagi le président du Conseil italien, Giuseppe Conte.