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Viol d’une militaire à l’Elysée ; une enquête ouverte

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Une affaire de viol survenu à l’Elysée fait énormément du bruit en ce moment.

Une jeune militaire aurait été victime de violences sexuelles de la part d’un autre militaire le 1er juillet dernier après un pot de départ au sein même de la présidence de la République.

Les faits !

Ce soir-là, Emmanuel Macron a salué trois collaborateurs sur le départ, prononcé quelques mots sans cérémonial avant de trinquer avec les convives, proches collaborateurs civils de son cabinet ainsi que nombre de personnels militaires (ils étaient fin 2019 quelque 325 effectifs de l’armée et de la gendarmerie à être détachés à l’Elysée, affectés à l’état-major particulier ou à la direction de la sécurité de la présidence de la République), puis de lever le camp aux alentours de 22 heures.

C’est à ce moment-là que l’atmosphère semble s’échauffer. Foin de chichis, place à la détente, mais les faits seraient survenus en fin de soirée. Les festivités ont continué dans la structure de l’état-major particulier du président de la République, rue de l’Elysée, des locaux ultra-sécurisés où sont maniés au quotidien des dossiers sensibles, la plupart du temps classés confidentiel ou secret. Sous la houlette du chef d’état-major particulier du Président, le vice-amiral Jean-Philippe Rolland, une trentaine de personnes, essentiellement des militaires, y traitent des engagements armés de la France à l’étranger, aux opérations militaires secrètes, au renseignement, à la défense nucléaire tricolore.

Les faits se seraient déroulés dans ce cadre. La jeune militaire violée et l’auteur, également militaire, tous deux affectés à l’état-major particulier, travaillent ensemble au quotidien et se connaissent.

Quel a été précisément l’enchaînement des faits ? Dans les heures qui ont suivi, la victime s’est en tout cas rendue au commissariat du VIIIe arrondissement, le plus proche de l’Elysée, pour y relater le drame et déposer une main courante – entraînant de fait la saisine du procureur de la République de Paris. Selon nos informations, le parquet a décidé d’ouvrir le 12 juillet une information judiciaire pour viol, comme le confirme une source judiciaire, confiée à un juge d’instruction. Des auditions ont été menées par le service de police chargé du dossier ; la garde à vue et l’interrogatoire du suspect ont déjà eu lieu.

Réaction de l’Elysée !

Sollicité jeudi par Libération, l’Elysée affirme ne «jamais» commenter «les affaires judiciaires en cours». «Néanmoins, ajoute-t-on rue du faubourg Saint-Honoré, dès que les faits ont été portés à la connaissance des autorités, des mesures ont immédiatement été prises : écoute, soutien et accompagnement de la victime, affectation immédiate, loin de l’Elysée, de la personne incriminée.» L’Elysée affirme rester «en attente de l’enquête de justice pour qualifier les faits et voir les suites à donner».

Une cellule psychologique a semble-t-il été activée afin de soutenir la jeune femme. La ministre des Armées, Florence Parly, a selon nos informations déclenché une enquête administrative à l’encontre de l’homme suspecté des faits, dont le détachement à l’Elysée a été interrompu. Parallèlement à une éventuelle sanction pénale, il risque d’être traduit devant le conseil de discipline.

«Patrick Strzoda, le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, se veut depuis l’affaire Benalla intransigeant, intraitable et fulgurant dès qu’il y a un comportement inapproprié d’un collaborateur de l’Elysée», assure une source proche du dossier. De tels faits commis au sein même de l’Elysée – centre névralgique et symbolique du pouvoir par excellence –, l‘agissement inconsidéré de l’auteur, un sous-officier de surcroît, rendent l’affaire particulièrement sensible.

Même si le dossier semble avoir été géré sans la série d’atermoiements qui avaient caractérisé l’affaire d’Alexandre Benalla, ce jeune chargé de mission élyséen filmé en train de frapper des manifestants, place de la Contrescarpe à Paris le 1er mai 2018, alors qu’il n’avait pas la qualité de policier, l’Elysée risque en tout cas de se retrouver dans la tourmente pour la deuxième fois depuis le début du quinquennat d’Emmanuel Macron.

Avec Libération