Le Mali répond du tac au tac aux Américains sur la question des visas. Concrètement, les autorités maliennes ont annoncé ce samedi 12 octobre 2025 l’instauration d’une caution obligatoire pour les ressortissants américains souhaitant obtenir un visa.
Cette riposte fait suite à la décision de Washington d’imposer, dès le 23 octobre, un versement pouvant atteindre 10 000 dollars aux Maliens demandeurs de visas B-1/B-2.
Le montant frappe. Entre 5 000 et 10 000 dollars américains, soit près de 6 millions de francs CFA au maximum. C’est ce que devront débourser les citoyens maliens avant d’obtenir un visa d’affaires ou de tourisme pour les États-Unis.

Le programme, piloté par le Département d’État en coordination avec le Trésor et la Sécurité intérieure américains, vise officiellement à renforcer le contrôle des frontières.
Le ministère malien des Affaires étrangères a réagi sans attendre. Dans son communiqué, il déplore « une décision unilatérale » qui bafoue l’accord bilatéral de 2005 sur les visas de longue durée à entrées multiples. Enfin, c’est ce que martèlent les diplomates maliens, qui n’ont pas mâché leurs mots.
La réponse de Bamako se veut symétrique. « En application de la réciprocité, le Mali décide d’instaurer un programme de visa identique, imposant aux ressortissants américains les mêmes conditions et exigences que celles appliquées aux citoyens maliens », précise le communiqué du ministre des Affaires étrangères. Les Américains devront donc s’acquitter de sommes comprises entre 2,8 et 5,6 millions de francs CFA.
Le gouvernement malien rappelle sa collaboration historique avec Washington dans la lutte contre l’immigration irrégulière. Il insiste sur le respect du droit et de la dignité humaine qui ont toujours guidé cette coopération. Bref, Bamako refuse d’être traité en partenaire de seconde zone.
Washington justifie son programme pilote par des considérations multiples. Les taux élevés de dépassement de séjour, les lacunes dans les procédures de vérification, mais aussi des considérations de politique étrangère motivent cette décision selon le Département d’État.
Les agents consulaires examineront la situation de chaque demandeur lors de l’entretien. Le formulaire I-352 du Département de la Sécurité intérieure devra être soumis via la plateforme Pay.gov.
Cette escalade diplomatique intervient dans un contexte régional tendu. Les relations entre Bamako et Washington se sont progressivement refroidies ces dernières années.
Le Mali rappelle néanmoins son « engagement à promouvoir des relations de coopération fructueuses » avec les États-Unis, mais uniquement « dans le cadre du dialogue et du respect mutuel ».
La mesure touche tous les détenteurs de passeports maliens, quel que soit le lieu de dépôt de leur demande de visa.
Pour les familles maliennes de la diaspora, pour les commerçants, pour les étudiants, cette caution représente un obstacle financier considérable. Le coût d’un voyage aux États-Unis vient de s’alourdir brutalement.
Les autorités américaines peuvent modifier la liste des pays concernés tout au long de la période du programme pilote. Le Département d’État n’a pas précisé la durée de cette expérimentation ni les critères qui permettraient au Mali d’en sortir.