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Voici ce qui se passe dans le corps quand on ne sort pas de chez soi de la journée

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A cause de la pandémie de coronavirus, plusieurs entreprises ont décidé que les employés vont travailler de chez eux à la maison. En télétravail, c’est à peine qu’on lève la tête de son ordinateur. Manque de temps ou d’envie de faire une séance de sport en extérieur, pas besoin de sortir faire des courses pour préparer son déjeuner, couvre-feu… En revenant sur le déroulé de la journée, l’on s’aperçoit qu’on n’a pas mis une seule fois le nez dehors aujourd’hui.

Le cardiologue et nutritionniste Frédéric Saldmann le rappelle pourtant : « pour être en bonne santé physique et mentale, on a besoin d’être en mouvement ». Même si la motivation est absente, il est primordial de bouger et de prendre l’air. Au risque de pâtir de certaines déconvenues.

C’est indiscutable, quand on est chez soi, on bouge moins : on télétravaille de son bureau, ou parfois même de son lit. Avec la pandémie, la tentation de rester à l’abri chez soi a grandi et la sédentarité s’est imposée comme un problème majeur contre lequel lutter.

« On sait que 30 minutes d’exercice physique par jour permettent de baisser de 40 % les risques de cancer, de maladies cardio-vasculaires ou d’Alzheimer », insiste Frédéric Saldmann. En plus de protéger des maladies, le sport va faire sécréter des endorphines, responsables d’un bien-être plus général, et il permettra de booster notre système immunitaire, qui nous défendra alors mieux contre tout type d’infection.

Ne pas sortir de chez soi va également avoir un impact sur notre forme physique, puisqu’en restant en permanence sur place, on s’expose à la prise de poids. Le calcul est simple : « on grossit parce qu’il y a des entrées, on continue à manger, mais il n’y a plus de dépenses parce qu’on ne bouge pas », explique le cardiologue. Et en ces temps d’anxiété généralisée, certains peuvent avoir tendance à grignoter pour compenser : ils stockent plus que d’habitude à cause du stress et de leurs angoisses, sans se dépenser par la suite.

« Avec le couvre-feu et le télétravail, on perd les deux synchroniseurs du sommeil qui sont l’exposition à la lumière naturelle et l’activité physique », énonce Philippe Beaulieu, médecin du sommeil et auteur de Dormir sans tisane ni médocs (1). En journée, le niveau d’éclairement n’est pas suffisant, et sans s’exposer à la lumière naturelle le matin, l’organisme perd ses points de repères. Résultat, des troubles du sommeil peuvent apparaître, allant de la simple insomnie aux décalages de phases.

À partir de là, on entre dans « le cercle vicieux de la léthargie », poursuit le médecin. Autrement dit, moins on en fait, moins on a envie d’en faire. « On a une propension naturelle à ne pas sortir, contre laquelle il faut lutter. Il est important de ne pas se laisser aller et de se tenir à un programme fixe, conseille Philippe Beaulieu. Si le sommeil commence à se dégrader, il ne pourra plus remplir correctement son rôle de traitement des émotions et de gestion des problèmes, et l’état psychique n’en sera que détérioré ».

Chez soi, on se retrouve seul face à ses pensées, plus ou moins nocives. « Enfermé entre quatre murs, on va avoir tendance à davantage ressasser, les pensées négatives vont tourner en boucle dans notre cerveau comme un disque rayé », analyse Christophe Haag, chercheur en psychologie sociale. Ces pensées pessimistes obsèdent et grignotent du temps de cerveau disponible. Elles vont peser sur l’individu, et peuvent mener jusqu’à des phases dépressives.

À force de ne pas sortir, l’ennui se fera fortement ressentir, avec l’impression de mener une vie monotone, répétitive, sans intérêt. « Même si l’ennui peut avoir du bon, et permet d’en apprendre plus sur soi via une introspection, il devient mauvais quand il s’inscrit trop durablement », rappelle le chercheur. Cet ennui prolongé va alors être à l’origine de nouvelles manies, dans certains cas se ronger les ongles, s’arracher la peau ou les sourcils. Il peut même mener jusqu’à l’apparition de troubles alimentaires, chez celles et ceux qui mangent pour compenser l’inaction.

Prostré chez soi, on peut se sentir rejeté, ostracisé des autres, une des plus grandes peurs de l’être humain. « Pour être bien au niveau psychologique, on a besoin d’être entouré, d’échanger, admet Frédéric Saldmann. La solitude nuit à la santé ». Être isolé socialement active une zone dans le cerveau qui est la même que celle activée lorsque l’on se fait mal. Être seul pendant une longue durée s’apparente donc à une réelle douleur physique.

On va alors ressentir toute une palette d’émotions négatives, de la tristesse à la frustration, en passant par la colère et le désespoir. « Ces émotions sont extrêmement énergivores pour le corps et la tête, et plongent dans un état de stress permanent », assure Christophe Haag. Sur le long terme, l’estime de soi peut fortement en pâtir. « On est davantage face à nous-même, on est dans une dynamique autocentrée qui fait qu’on se regarde plus, et qu’on voit davantage ses défauts », admet le chercheur en psychologie sociale.

Pour son bien, il est important de garder un rythme : on sort une heure par jour pour prendre le plus de lumière possible, on se pose à un coin de lumière pour booster son moral, et surtout on se force à faire de l’exercice physique, même pour 30 minutes à une heure de marche par jour.

Avec Madame Figaro.