Pour alléger une charge de travail déjà importante au bureau, l’on se dit qu’on “répondra à la maison” à ce mail qu’on vient de recevoir et qui nécessite une réponse fournie. Cette habitude s’installe et on se retrouve à passer nos soirées à épier nos mails.
C’est là que l’Université d’Australie-Méridionale lève la main pour demander un temps mort, comme l’a rapporté Business Insider. Une de leur équipe de chercheurs, du Centre For Workplace Excellence, a récemment mené une étude en interrogeant 2000 universitaires ainsi que 40 employés d’universités entre juin et novembre 2020, considérant que c’était les acteurs de ce secteur d’activité qui étaient les plus sujets à des mails longs et à répétition. Evidemment, le résultat est applicable à bien d’autres domaines.
Les sujets étaient évalués sur leurs habitudes de consommation numérique, et l’effet que celles-ci avaient sur leur santé, la qualité de leur sommeil ou l’équilibre sain entre professionnel et privé. Sur le panel interrogé, 55% ont affirmé contacter leurs collègues le soir pour parler travail, et 30% d’entre eux ont avoué contacter leurs collègues le week-end concernant le travail, en s’attendant même à recevoir un retour dans la journée.
À l’origine du problème, il y aurait les managers et certains supérieurs hiérarchiques, qui auraient fait prendre le pli à leurs employés. Un employé sur cinq parmi les sondés a déclaré que son supérieur attendait des retours sur les heures de repos, week-ends et soirées en tête, et se trouvait ainsi obligé de lui répondre. Résultat : augmentation du stress sur près de 25% de plus que les sondés qui restent loin de leur boîte mail hors des heures de travail, un épuisement émotionnel décuplé de 28%, des maux de têtes et des douleurs physiques qui deviennent deux fois plus fréquentes.
Au bout de cette pente vertigineuse et particulièrement glissante, une seule ligne d’arrivée : le surmenage. En ne traçant pas de frontière claire entre vie professionnelle et privée, notre temps de récupération diminue, et nos capacités avec. S’installe alors un cercle vicieux dans lequel on est moins performant et donc inapte à finir nos tâches dans les heures de travail, ce qui nous force à continuer à la maison.
Couplée au temps d’exposition à des écrans, facteur nocif sur notre santé mental et physique également, la situation peut sembler alarmante et mener à des conclusions tragiques. En 2021, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a estimé à quelque 745 000 personnes les cas mortels de maladies cardiaques ou d’accidents vasculaires cérébraux, imputables directement au surmenage professionnel, rien que sur l’année 2016.
Avec GQ.