Au Niger, l’Arcep a frappé un grand coup : l’autorité veut mettre fin aux wifi zones qui revendent l’internet Starlink sans autorisation. La mesure fait grincer des dents dans les campus de Niamey.
Le phénomène s’est développé ces derniers mois. Des particuliers achètent un terminal Starlink pour leur usage personnel, puis revendent la connexion à leurs voisins ou leurs camarades. Le prix attire. Pour 100 francs CFA, un étudiant obtient quatre gigaoctets valables vingt-quatre heures. Les opérateurs classiques facturent environ trente fois plus cher.
Abdoul Nasser, étudiant en droit à l’Université de Niamey, mesure les conséquences. « Cette décision aura beaucoup de conséquences négatives. Les connexions wifi ont permis aux étudiants d’avoir des activités à faire, mais aussi, elles ont facilité les travaux de recherche », explique-t-il aux micros de DW.

Avec les forfaits mobiles habituels, poursuivre des recherches universitaires devient un luxe. Les wifi zones avaient ouvert une brèche.
Un autre étudiant, qui préfère garder l’anonymat, vendait lui-même de la connexion sur le campus. L’argent servait à payer ses frais de scolarité.
« Il y a nos petits frères qui n’ont pas les moyens, ça ne marche pas pour eux, donc ils viennent chaque jour, pour en acheter pour 100 ou 200 francs », raconte-t-il. Bref, un système D efficace.
Les raisons derrières les nouvelles restrictions sur les Wifi zones au Niger
Tahirou Massaoudou dirige le service Réseaux et Communications à l’Arcep. Il justifie la position de l’autorité par des arguments légaux et sécuritaires.
« Depuis quelques semaines, l’Arcep a constaté un déploiement massif et progressif de zones wifi via les connexions Starlink. En plus d’opérer en contradiction avec les textes règlementaires, ces wifi zones sont souvent sources d’atteinte aux troubles publics », affirme-t-il. Plusieurs plaintes auraient été déposées auprès de l’État et de l’Arcep.
Starlink a démarré officiellement au Niger en mars 2025, après la signature d’un accord entre l’État et SpaceX en octobre 2024.
L’arrivée du service américain promettait de connecter les zones reculées. Mais son détournement commercial pose problème. Les articles 16 et 23 de la loi 2018-45 du 12 juillet 2018 interdisent la revente de services de télécommunications sans licence.
L’Arcep propose une régularisation. Les exploitants de wifi zones disposent d’un délai pour se conformer aux règles.
Le processus administratif reste flou. Les coûts aussi. Enfin, pour des petits vendeurs qui gagnent à peine de quoi financer leurs études, l’obtention d’une autorisation formelle paraît hors de portée.
Les autorités défendent les opérateurs locaux. Elles invoquent la protection d’un marché fragilisé par la concurrence déloyale. Mais l’affaire soulève un débat plus large sur l’introduction de nouvelles technologies au Niger. Les étudiants, eux, voient surtout une porte qui se ferme.
Abdoul Nasser le dit clairement : « Avec cette interdiction, les étudiants vont être touchés parce qu’ils n’auront pas les moyens suffisants pour se payer une connexion via les réseaux. »
La régulation vise officiellement à remettre de l’ordre. Elle restreint aussi l’accès à internet pour une jeunesse qui manque déjà d’infrastructures. Le satellite avait apporté une solution rapide. Les autorités préfèrent la contrôler.