C’est la première interview que l’animateur télé et de radio accorde à la presse, trois mois après le tollé provoqué par une simulation de viol en plein plateau de télévision. « Ça a été dur pour moi », avoue le Capricorne. Ça a été surtout une erreur et Yves De M’bella le reconnaît, humblement. Après la sanction à un mois de suspension d’antenne (infligée par la Haute autorité de la communication audiovisuelle), il lui a fallu deux autres mois pour se remettre de la souffrance morale dûe à la violence des attaques verbales.
Le 4 décembre 2021, l’animateur vedette a repris son fauteuil aux manettes de Rien à Cacher, sur radio Nostalgie. C’est justement dans les locaux de la radio, au Plateau, que nous avons rendez-vous, samedi 11 décembre dernier.
Tu viens de terminer l’émission Rien à cacher de ce samedi 11 décembre. Y a-t-il une différence entre la radio et la télé de nos jours ?
Evidemment. Car les deux interpellent l’ouïe, mais la télé sollicite en plus la vue. La télévision est plus exigeante sur le plan visuel. Ce qu’on tolère en radio l’est moins en télévision. Parlant de télévision, tu as remplacé Cheick Yvhane dans La Télé d’Ici lors des vacances dernières.
Pourquoi le choix s’est porté sur toi et as-tu hésité au départ avant d’accepter ?
En me sollicitant pour cette émission, les patrons de la chaîne m’ont expliqué que j’avais le brin de folie et la notoriété qu’ils recherchaient. J’ai mis, en effet, du temps avant d’accepter l’offre. Car j’avais déjà des engagements concernant d’autres activités qui m’occupent.
Comment se fait le choix des sujets à traiter en plateau, dans La Télé d’Ici ?
Il faudrait poser la question à l’équipe de l’émission. Moi je présentais La Télé d’Ici Vacances.
Les sujets sont validés par l’équipe en amont, c’est ça ?
Affirmatif.
Bien entendu, il y a eu cette grosse polémique née d’une simulation de viol. Que voulais-tu montrer à travers l’émission ce soir-là ?
Ayant été très touché par des cas de viol à cette période-là, j’ai voulu faire une émission de sensibilisation. Avec une reconstitution comme j’en vois beaucoup depuis lors, sur des chaînes internationales. Mais je n’ai pas eu le tact et les codes préalables pour traiter un sujet si sensible. Loin de moi, et je suis sincère, l’idée de faire du tort ou d’inciter au viol.
Comment as-tu réagi aux premières heures du tollé, en découvrant les critiques virulentes sur les réseaux sociaux ?
J’essayais de comprendre pourquoi les choses se sont autant et si vite enflammées. Je n’ai jamais vu un tel emballement digital dans le monde, à la suite d’un vrai viol. J’ai lu les premiers commentaires. Et quand j’ai constaté la violence de certains messages, je me suis déconnecté de la toile afin de garder le minimum de force morale qui me restait. La foi aidant, je pense que c’était une décision salutaire.
Des mois de suspension d’antenne, ça a été dur moralement ?
Petite précision, j’ai été suspendu pendant un mois seulement. Et j’ai pris deux autres mois pour accepter de revenir. J’ai mis à profit cette période pour m’occuper, travailler et voyager. Je dis merci aux amis des pays qui m’ont accueillis.
As-tu eu du soutien, du réconfort à cette circonstance ?
Je profite de ta question pour remercier infiniment Dieu le Père tout-puissant, toutes ces nombreuses personnes qui m’ont apporté leur inestimable soutien. Ma famille, mon Conseil chevronné… Sans eux tous, je n’aurais pas survécu à ce triste épisode.
Ah bon ? Qu’est-ce qui t’a permis de tenir le coup ?
La foi.
Comment ça va aujourd’hui moralement ?
Je suis en parfaite harmonie, par la grâce et la magnificence de Dieu.
Cheick Yvhane et toi, vous êtes-vous parlé au moment de l’affaire ?
Affirmatif.
L’audience de la chaîne a grimpé curieusement, avec plus de 1 000 abonnés Facebook en 24 heures, au lendemain de l’affaire. Comment expliquer ce paradoxe ?
Il faudrait poser la question à ces nouveaux abonnés. (Rires). La toile elle-même est un paradoxe. Comment expliquer que je sois mondialement réprimandé, voire copieusement insulté, et qu’un mois après, il y a plus de 26 000 likes en un jour sous un post d’A’Salfo à qui je dis d’ailleurs merci, pour avoir évoqué mes talents d’artiste paysagiste ? (A’Salfo a fait appel à Yves De Mbella pour aménager les jardins de la Fondation Magic System lorsque ce dernier était suspendu d’antenne, la photo a récolté des milliers de likes sur Facebook : ndlr).
T’arrive-t-il de repasser le film de cette dernière émission dans la tête ?
J’avoue que non. Mais j’ai demandé à des proches de conserver tous les éléments liés à cette histoire. J’en ferai peut-être un livre ou un film.
Dis, est-ce que c’était un buzz qui a pris une dimension inattendue ?
J’ai habitué le public à des buzz quelques mois avant, pour lancer l’émission. Mais cette fois-là, ce n’en était pas un. Il y a eu un tel déferlement médiatique dans le monde, la ministre de la Femme a également réagi, sans compter les organisations locales de défense des droits des femmes…J’ai rencontré ces vaillantes dames et jeunes femmes activistes. J’étais accompagné de mon père spirituel, le Curé Norbert Abékan. Et après les échanges, les explications, nous avons décidé d’unir le combat que chacun de nous menait séparément jusque-là (la lutte contre les violences basées sur le genre : ndlr). Elles étaient avec moi, à l’antenne, lors de mes deux émissions à la reprise.
Cet épisode a été le moment le plus difficile de ta carrière ?
Sans conteste, oui !
Les cas de viol se sont multipliés dans le pays ces temps-ci, jusqu’à l’assassinat d’une étudiante à Bouaké le 18 novembre dernier. Un commentaire ?
Je n’étais pas informé de ce cas précis. Néanmoins, j’exprime mon entière solidarité aux victimes ainsi qu’à leurs familles. Je présente mes excuses, encore une fois, pour le souvenir douloureux imposé à celles et ceux qui ont vécu ces atrocités.
C’est justement sur ce phénomène que tu voulais attirer l’attention ?
En effet ! Et au-delà de ça, les actes concrets que j’ai posé en faveur des victimes de viol.
