Considérée comme le plus grand projet d’aménagement urbain durable en Afrique, la nouvelle ville de Zenata au Maroc se veut une ville résiliente et respectueuse de l’environnement. L’objectif du Roi Mohammed VI en présidant la signature du protocole d’accord en février 2006 était d’offrir, aux générations actuelles et futures, un environnement de qualité pour un cadre de vie améliorée.
Et rien n’est laissé au hasard. Du bien foncier à sa position stratégique en passant par son label éco-cité, tout est mis en œuvre pour en faire un modèle pour d’autres villes africaines. Un projet inscrit dans une dynamique économique, sociale et environnementale à l’heure où le royaume chérifien est plus que jamais tourné vers l’Afrique.
Pour comprendre davantage les enjeux de ce projet ‘Royal’, nous avons tendu nos micros au cours des Rencontres Africa tenues les 2 et 3 octobre à Abidjan à la Directrice du pôle Finance, Support et Ressources, membre du Comité de direction de la Société d’Aménagement Zenata (filiale du Groupe Caisse des dépôts et de gestion du Maroc) en charge de la conception et de l’aménagement global de l’éco-cité, Ilhame Maaroufi.
Mme Maaroufi, Marocaine, 37 ans, diplômée d’expertise comptable et de commissariat aux comptes, est l’une des sept (7) femmes de la première promotion du programme Young Leaders de la fondation AfricaFrance. Jusqu’à son entrée chez SAZ en 2013, elle a été Consultante confirmée au Cabinet Ernst & Young, ensuite Senior expérimentée chez KPMG Audit et en enfin Directrice de Cabinet chez Fidecom (Maroc).
L’entretien
Lfrii l’Entreprenant : Mme Maaroufi, vous faites partie des sept (7) femmes de la première promotion du programme Young Leaders d’AfricaFrance. Vous êtes à de très hauts niveaux de leadership dans les multinationales dans lesquelles vous êtes passée et vous dirigez le pôle finance de SAZ dans un pays fortement patriarcal. Quel est votre secret ?
Ilhame Maaroufi : « Je dois ce parcours à la volonté d’aller de l’avant, de se démarquer, et également de promouvoir les compétences des femmes africaines.
Au-delà de ma carrière à l’étranger et au Maroc, je pense avoir été sélectionnée pour ce programme par rapport à la levée de 300 millions d’euros de financement pour le développement ambitieux de l’éco-cité Zenata. : Première Eco-cité africaine.».
Pourriez-vous nous présenter brièvement ce projet Royal de la ville Zenata ?
Zenata a pour ambition d’offrir aux générations présentes et futures une ville durable en termes de mobilité, d’accès aux soins et à l’éducation, d’équité sociale, d’exploitation de l’espace public, etc., pour une meilleure qualité de vie.
D’une superficie de 1.800 hectares, elle se situe à Ain Harrouda (entre Casablanca et Rabat) et permettra la construction de logements destinés principalement à la classe émergente.
À terme, elle a pour ambition de créer 100.000 emplois pour 300.000 habitants conformément aux standards internationaux de développement durable d’un emploi pour 3 habitants. En effet, le modèle de l’Eco-cité Zenata met fortement l’accent sur le développement économique à travers des activités à forte valeur ajoutée à savoir un pôle santé intégré, un campus universitaire international et le plus grand centre commercial au Maroc. Côté environnemental, l’espace vert constituera 30 % du territoire, soit 19 m2 par habitant, à travers des parcs et des corridors favorisant la biodiversité.
De quels constats êtes-vous partie pour vous inscrire dans cette démarche éco-citoyenne quand on sait que le Maroc fait preuve de figure de proue en Afrique avec l’organisation de la dernière COP 22 en 2016 ?
C’est un projet qui est au cœur de tous les enjeux africains. Nous savons que l’avenir de notre continent est dans la maîtrise de son urbanisation.
L’Afrique sera à l’horizon 2050 à moitié urbaine et nous devons apporter des solutions concrètes à cette situation pour pouvoir relever les défis relatifs à la santé, l’éducation, le changement climatique etc… La ville aujourd’hui, si elle est éco-conçue, permettra certainement de répondre aux défis du continent.
La construction de Zénata est exécutée au Maroc. Vu que vous êtes dans une démarche de globalisation du modèle à l’Afrique, comment comptez-vous procéder ?
Nous avons créé un référentiel pour lequel nous avons décroché le label international Eco-City Label au cours de la COP 22 tenue à Marrakech.
Ce référentiel est un véritable exemple à destination du Sud pour un échange Sud-Sud puisqu’il s’inspire des meilleurs standards internationaux, tout en tenant compte de nos enjeux, et spécificités africaines.
À travers cette démarche d’éco-conception, nous allons pouvoir certifier des projets urbains et les assister pour planifier, aménager et construire des territoires durables.
Nous avons également lancé, en septembre dernier, à l’occasion du Sommet Climate Chance à Agadir, l’alliance urbaine durable africaine afin de réunir les acteurs majeurs de l’aménagement du continent africain mobilisés dans la lutte contre le changement climatique et engagés à pratiquer un aménagement urbain résilient. A terme, nous souhaitons à travers cette alliance réunir les acteurs du secteur privé, des collectivités locales, associations, fédérations professionnelles…
En tant que Young Leader, quels sont les prochains défis au-delà de tout ce que vous faites déjà sur le plan professionnel ?
Dans le cadre du Programme Young Leaders d’AfricaFrance, nous avons eu énormément de rencontres à Paris et en Afrique qui nous permettent d’échanger avec des personnalités de haut rang pour apprendre sur les opportunités et enjeux du continent.
Le prochain défi à travers ce programme est d’arrêter les thématiques à forte valeur ajoutée pour l’Afrique et pour lesquelles, nous, Young Leaders, pouvons apporter des solutions innovantes par des projets concrets. Nous profiterons bien évidemment des apprentissages et rencontres dont on a bénéficié pour nouer de plus en plus de partenariats et aller vers des réalisations rapides. Ce programme permet finalement à des afro-optimistes de se réunir pour mettre l’Afrique en mouvement !
Je vous remercie.