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Affaire Carlos Ghosn : Nissan va lancer sa contre-attaque

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C’est la première fois depuis la grande évasion, et la fameuse conférence de presse de Beyrouth, que les deux camps – Carlos Ghosn et Nissan – se retrouvent face à face dans un tribunal. La joute, très juridique, a eu lieu ce lundi à Amsterdam, au tribunal de district de la capitale néerlandaise.

Licencié de Nissan Mitsubishi BV (NMBV) après son arrestation au Japon, Carlos Ghosn conteste depuis juin dernier la procédure devant la justice néerlandaise, et attaque Nissan et Mitsubishi pour rupture de contrat non justifiée. Celui qui s’est soustrait à la justice nippone juste après Noël pour se réfugier au Liban demande une quinzaine de millions d’euros de dédommagements ainsi que des pièces de l’enquête de Nissan ayant conduit à son éviction de la holding créée en juin 2017. Une holding qui était destinée à favoriser les collaborations entre les deux constructeurs japonais, alors nouvellement associés, en versant des bonus aux managers méritants.

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Lors de cette première audience, les conseillers de Carlos Ghosn, resté à Beyrouth, ont expliqué que leur client devait comprendre les raisons de son licenciement. Les avocats de Nissan, eux, ont affirmé que le constructeur avait agi de la sorte suite à la détention du dirigeant à Tokyo, et qu’il n’avait pas lieu de transmettre à la partie adverse des pièces non nécessaires dans ce dossier.

Au coeur du différend entre Nissan et Carlos Ghosn, le contrat du patron déchu de Renault et de Nissan chez NMBV. Il était en effet avec l’ex-directeur général de Nissan Hiroto Saikawa et Osamu Masuko, le dirigeant de Mitsubishi, l’un des trois directeurs de cette société, mise en sommeil depuis quelques mois. Trois dirigeants qui, à ce titre, n’étaient pas censés y percevoir de rémunérations.

Mais Carlos Ghosn en était également le « managing director » depuis le 21 février 2018, position qui lui a valu de se voir verser 7,88 millions d’euros au total, comme « Les Echos » l’ont révélé il y a plus d’un an. Une somme dont ni la direction de Nissan ni celle de Mitsubishi n’auraient eu vent, affirme aujourd’hui un proche de Nissan. Le constructeur entend bien la récupérer en portant plainte aux Pays-Bas, lors d’une prochaine audience prévue fin mars.

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« NMBV n’était pas consolidé dans les comptes de Nissan et de Mitsubishi. C’était un véhicule pour que Carlos Ghosn puisse augmenter sa rémunération sans que cela se sache », poursuit cette source, qui déclare disposer des courriels et des comptes rendus d’entretiens prouvant ces accusations.

Selon elle, cette somme de 7,8 millions environ se décompose d’abord d’un bonus de bienvenue de 1,94 million d’euros, correspondant exactement à quatre mois de son salaire chez Nissan – sachant que Carlos Ghosn aurait demandé à Nissan de ne pas lui verser de rémunération entre décembre 2017 et mars 2018 pour des raisons fiscales. « Ce versement n’existe pas dans les comptes de NMBV. Osmamu Masuko et Hiroto Saiwaka ne le savaient pas », assure cette source proche du dossier.

Il y aurait aussi environ 5,2 millions d’euros de salaire. Le montant mensuel sera même sensiblement augmenté entre juillet et décembre 2018, moment de son arrestation, afin de se prémunir contre une hausse à venir de la fiscalité hollandaise, précise toujours cette source.

Il y aurait enfin 498.000 euros que NMBV aurait versés le 15 octobre 2018 à Carlos Ghosn, pour que ce dernier puisse rembourser par chèque ce même montant à Renault – qui lui aurait avancé cet argent en juillet 2018 pour solder des arriérés d’impôts personnels en France.

Avec Les Echos