La Franco-colombienne Ingrid Betancourt, six ans otage des FARC en Colombie, a salué mercredi 16 septembre 2020 la demande de pardon exprimée par des chefs de l’ex-guérilla pour les crimes commis pendant le conflit armé, relevant que pour la première fois elle avait ressenti chez eux « de l’empathie et de la douleur ».
« J’ai senti que quelque chose avait changé » dans « les mots qu’ils ont utilisés », a déclaré à une radio colombienne l’ex-candidate à l’élection présidentielle, symbole international du fléau des enlèvements. « Pour la première fois, ils parlent du plus profond de leur cœur », a-t-elle ajouté. Libérée lors d’une opération militaire en 2008, Ingrid Betancourt a dit n’avoir jamais auparavant ressenti de « l’humanité » chez ses geôliers. « Pour la première fois, j’ai devant moi des êtres humains que je n’avais pas dans la jungle ; dans la jungle, j’avais des doctrinaires, j’avais des ennemis. Je lis ce communiqué et je vois que cette fois, c’est de l’humanité », a-t-elle ajouté.
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Dans un communiqué diffusé lundi, la direction de ce qui est maintenant un parti politique sous le nom de Force alternative révolutionnaire commune, a déclaré que les enlèvements avaient été « une très grave erreur ». Elle a exprimé ses regrets pour la « douleur » et les « humiliations » infligées aux victimes : « ce fardeau (…) pèse aujourd’hui sur la conscience et le cœur de chacun d’entre nous ». L’organisation armée utilisait les enlèvements comme un levier de pression politique et se finançait avec les rançons.

Il s’agit de la demande de pardon la plus forte exprimée par l’ex-guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) depuis qu’a été signé en 2016 un accord de paix avec le gouvernement colombien. L’ex-guérilla répond de ses actes devant un tribunal spécial pour la paix créé par l’accord de paix qui a permis la démobilisation d’environ 13 000 rebelles des Farc, dont 7 000 combattants.
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Les principaux chefs de l’ex-guérilla se sont engagés à avouer leurs crimes devant la Justice pour la paix (JEP) et à dédommager les victimes ou leurs familles, en échange de peines alternatives à la prison. S’ils ne tiennent pas leur engagement, ils seront traduits devant la justice ordinaire. Par visio-conférence, Ingrid Betancourt avait déclaré lundi devant la JEP que « l’enlèvement n’a pas de date d’expiration, il ne se termine pas le jour de la libération. C’est un meurtre parce que la personne qui le subit, même si elle a la chance d’être libérée, est déjà quelqu’un d’autre lorsqu’elle sort de captivité ».
source : lefigaro.fr