L’Afrique montre le bon exemple au reste du monde en matière de consommation du tabac. Et pour cause, avec 9,5 % d’adultes fumeurs en 2024, l’Afrique affiche la prévalence la plus faible au monde.
L’Europe, à l’opposé, atteint 24 %. Le contraste frappe. Un adulte sur cinq reste dépendant du tabac à l’échelle mondiale, soit 1,2 milliard de personnes.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) vient de publier son dernier rapport sur les tendances du tabagisme. Les chiffres africains impressionnent. Le continent progresse vers l’objectif d’une réduction de 30 % de la consommation. Enfin, c’est ce que confirment les données de 2024.

Mais cette réussite masque une réalité plus nuancée. Le nombre absolu de fumeurs augmente en Afrique. La croissance démographique explique ce phénomène. Entre 2000 et 2018, le continent est passé de 64 millions à 73 millions de consommateurs adultes. La population africaine croît plus vite que ne recule le tabagisme.
L’essor des produits nicotinés complique l’équation. Le vapotage gagne du terrain chez les jeunes africains. Les cigarettes électroniques attirent une génération qui n’avait jamais fumé. Les industriels du tabac ont adapté leurs stratégies. Ils commercialisent agressivement leurs produits sur un continent où les régulations restent fragiles.
La Coalition for Epidemic Preparedness Innovations a accordé 1 million de dollars au Forum africain de réglementation des vaccins. Cette somme servira à renforcer les capacités des autorités réglementaires. L’objectif ? Réduire les délais d’approbation des essais cliniques de vaccins. Actuellement compris entre 6 et 18 mois, ces délais pourraient tomber à 10 ou 15 jours en situation d’urgence sanitaire.
Notons que le projet s’inscrit dans la « Mission 100 jours » et ambitionne d’organiser des exercices de simulation pour former les régulateurs africains.
L’OMS appelle à intensifier les politiques de prévention. Les services d’aide à l’arrêt du tabac restent insuffisants sur le continent. La proportion moyenne de la taxe dans le prix de détail des produits du tabac a augmenté, passant de 37 % en 2016 à 41 % en 2023. Cette hausse demeure timide comparée aux standards internationaux.
Les disparités régionales persistent. Certains pays africains ont adopté des législations strictes. D’autres peinent à contrôler l’importation et la distribution de produits du tabac. La contrebande alimente un marché parallèle difficile à quantifier.
Bref, l’Afrique fait mieux que les autres régions du monde en matière de prévalence. Le continent doit néanmoins affronter les défis liés à sa démographie galopante et aux nouvelles formes de dépendance nicotinique. Les prochaines années diront si cette avance relative se maintient ou si les industriels du tabac parviennent à inverser la tendance.