Faut-il réutiliser les masques chirurgicaux dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de Covid-19 ? S’il y a déjà bon nombre de personnes qui le font, il convient de se tourner vers la science pour savoir sa position. Est-ce utile, sans risque et si oui comment procéder ?
“Avec un groupe de chercheurs bénévoles, nous avons analysé la littérature scientifique disponible et nous sommes arrivés à la conclusion que dans la population générale, on peut préconiser le stockage des masques dans des enveloppes en papier pendant une semaine avant de les réutiliser”, indique à L’Express, Virginie Courtier-Orgogozo, chercheuse en génétique de l’évolution, directrice de recherche au CNRS et membre d’Adios Corona, un collectif de chercheurs français visant à vulgariser les questions scientifiques portant sur le Sars-CoV-2.
Cette “technique des enveloppes” suffirait, dans la majeure partie des cas, à “éliminer toute trace éventuelle du coronavirus sur un masque déjà porté”, plaide-t-elle aux côtés d’Adrien Chopin, chercheur post-doctorant en sciences cognitives à l’Institut de la Vision et Denis Corpet, microbiologiste et professeur émérite Hygiène & Nutrition à l’Université de Toulouse, interrogés par L’Express.
Ce recyclage n’est pas recommandé par les autorités sanitaires, puisque le masque chirurgical est censé être à usage unique, mais il aurait le triple avantage d’être sûr pour la santé dans la majorité des cas, économique et surtout plus respectueux de l’environnement. « Les masques chirurgicaux sont fabriqués en nanofibres de plastique, qui mettent plusieurs centaines d’années à se dégrader dans l’environnement », explique Virginie Courtier-Orgogozo.
Et de poursuivre : « Dans tous les pays du monde, on retrouve ces masques dans les poubelles, les rues et les jardins, les rivières et les océans : ils sont laids, dangereux pour les animaux qui les ingèrent et finissent sous forme de microplastiques », qui polluent l’air, l’eau et contaminent les hommes.