Quelques scientifiques américains ont décidé d’expérimenter, sur eux-mêmes et parfois leurs proches, leur propre vaccin « faits maison » contre la Covid-19. Alors qu’environ 200 projets de vaccins sont en cours à travers le monde, leur développement peut être particulièrement long.
Trois phases de test sont nécessaires avant leur possible utilisation à grande échelle et, aujourd’hui, moins d’une dizaine de projets ont atteint la troisième et dernière phase, qui consiste à tester le vaccin sur plusieurs milliers d’êtres humains.
Contestation en Biélorussie : le régime de Loukachenko frappe fort
Des délais trop longs pour le biologiste américain Johnny Stine, à la tête d’une entreprise de biotechnologie à Seattle (Etat de Washington). Il a développé un vaccin avec la séquence génétique d’une protéine présente à la surface du coronavirus SARS-CoV-2, qu’il a ensuite simplement mélangé à une solution saline, rapporte le New York Times.

Arguant que « fabriquer un vaccin pouvait être très simple », Johnny Stine se l’est ensuite injecté sous la peau. Selon ses dires, toujours rapportés par le quotidien américain, il aurait développé des anticorps douze jours après l’injection.
« Je suis immunisé, je me suis administré 5 fois mon propre vaccin », affiche-t-il dans des échanges sur Facebook pour attirer le chaland. Et si son produit miracle peut paraître sommaire et reste non validé par une étude sérieuse, le scientifique le facturait 400 dollars (environ 340 euros) par personne, avant d’arrêter après des poursuites lancées par les autorités. Une trentaine de personnes auraient reçu le vaccin, principalement dans l’Etat de Washington. Dans les colonnes du New York Times, le biologiste moléculaire et ancien patron de Johnny Stine, Patrick Gray, prévient qu’il « est impossible pour quelqu’un comme Johnny de créer un vaccin viable ».
Coronavirus / Banque Mondiale : « 2020 connaîtra la pire récession économique jamais enregistrée »
Selon Le Monde, d’autres scientifiques, aux pratiques moins commerciales, se sont également lancés dans l’élaboration d’un vaccin avant tout le monde. Preston Estep, un généticien de Boston, a monté le projet RaDVac (pour Rapid Deployment Vaccine Collaborative, « collaboration pour le déploiement rapide d’un vaccin »), au mois de mars, avec une vingtaine d’autres spécialistes, pour la plupart reliés à l’université Harvard ou au Massachusetts Institute of Technology (MIT). « Ce sont 5 ingrédients qu’on peut mélanger dans le laboratoire d’un pharmacien », avance Preston Estep, dans un document scientifique justifiant sa démarche.
Son vaccin, sous forme de spray nasal, contient « des fragments du pathogène, ici des petits morceaux de protéine qui correspondent, en partie, au SARS-CoV-2 mais qui ne déclenchent pas la maladie en eux-mêmes », précise la revue technologique du MIT. A la fin du mois d’avril, la première version du vaccin avait été testée par l’ensemble des collaborateurs ainsi que leur famille. Preston Estep a assuré au New York Times que les seuls effets secondaires rapportés sont des « nez bouchés et de légers maux de tête ».
Le scientifique modifie sa formule au fur et à mesure des nouvelles découvertes sur le coronavirus : jusqu’ici, il s’est administré huit versions différentes du produit. George Siber, ancien responsable de la vaccination dans une entreprise pharmaceutique américaine, estime, dans la revue technologique du MIT, que « de simples petites protéines ne déclenchent pas une réaction immunitaire suffisante ». A la fin de juillet, Preston Estep ne savait pas dire si la petite centaine de personnes (il avoue ne plus tenir de compte) ayant testé son vaccin avait développé des anticorps.
Source : Le Monde