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Des salariés accusent Pernod-Ricard d’inciter ses commerciaux à boire sans modération

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Deux anciens commerciaux de Pernod-Ricard et une troisième salarié toujours en poste ont témoigné auprès du Parisien de ce lundi. Ils dénoncent “la pression permanente” de leur ex ou actuel employeur pour les inciter à boire au travail. Une accusation que réfute Pernod-Ricard, mais qui, si elle était avérée, placerait le géant des spiritueux dans l’illégalité.

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En effet, la législation concernant l’alcool au travail en France n’autorise que la consommation de vin, bière, cidre et poiré. Et ces boissons ne peuvent être bu qu’au restaurant d’entreprise ou à des “occasions particulières”. En outre, “la responsabilité de l’employeur peut être engagée en cas d’accident causé par un salarié ivre”.

Les représentants qui témoignent dans Le Parisien évoquent des budgets octroyés par leur entreprise pour “offrir des verres de Pastis aux clients” et l’incitation à consommer avec eux dans les bars, les discothèques et les fêtes. Des réunions qui se terminent par des apéritifs où “l’alcool coule à flots”. Et toute une culture d’entreprise valorisant la consommation d’alcool et fédérant ses salariés par le partage de moment alcoolisés.

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Ces incitations ne sont écrites nulle part, reconnaissent les témoins. Le règlement intérieur de Pernod Ricard, qui emploie 19.000 personnes dans le monde et 650 commerciaux en France, appelle au contraire à une consommation “modérée” d’alcool. Mais l’un des témoins pointe un décalage entre “la théorie et les faits”. “Dans les faits, on doit montrer qu’on connaît nos produits et qu’on les aime”. “C’est la culture d’entreprise, si on dit non, on est mal vu, renchérit une autre.

Résultat: ces anciens et actuel salariés sont devenus dépendants ou malades, expliquent-ils. L’un d’eux rapporte : “je picolais tous les jours, à force, ça devient une habitude”.

Un autre a fini en burn out, reconnu en justice comme maladie professionnelle. L’expert du procès a constaté un “état anxiodépressif caractérisé” et estimé que, chez cet individu sans antécédent psychiatrique, cette pathologie pouvait être considérée comme résultant “certainement, directement et exclusivement de l’exercice de sa profession.

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La communication de Pernod Ricard répond qu’il n’y a “pas de culture de l’alcool, ni aucune directive, ni incitation, sous aucune forme, à consommer”. Pour elle, la consommation d’alcool de ces salariés à l’occasion d’évènements qu’ils couvrent pour leur employeur relève d’une “décision personnelle”.

En 2015, le deuxième groupe de spiritueux au monde avait publié des dépliants pour promouvoir “une distribution responsable des boissons alcoolisées”. Ils rappelaient huit principes clés à ses commerciaux pour vendre de l’alcool, comme l’interdiction de la vente d’alcool aux mineurs, aux personnes en état d’ébriété, aux femmes enceintes. Mais rien concernant la consommation de ces salariés chargés de promouvoir les alcools de l’entreprise.

En juin dernier, Pernod-Ricard a publié des résultats exceptionnels. Le géant des spiritueux n’avait jamais vendu autant d’alcool dans le monde que sur l’année qui vient de s’écouler.

 

Avec BFMTV