Son duo avec Edouard Philippe, Emmanuel Macron l’adorait. Quand il était encore son Premier ministre, le président de la République ne tarissait jamais d’éloges à son égard. Comme le 6 mai 2020, lors d’un dîner tenu à l’Élysée. Dans son dernier numéro, paru en kiosque le jeudi 26 novembre, l’Express a raconté la fois où le chef de l’État a été déstabilisé par le maire du Havre.
Alors attablé avec Richard Ferrand, le président de l’Assemblée nationale, Marielle de Sarnez, la vice-présidente du MoDem, Philippe Grangeon, l’ancien conseiller spécial à l’Élysée, Alexis Kohler, le secrétaire général, Gilles Le Gendre, le député de la 2ème circonscription de Paris et Patrick Mignola, le président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale, l’intéressé a rendu hommage à son bras droit, assis face à lui.
« Je voudrais apporter un démenti formel à une prétendue dégradation de mes relations avec le Premier ministre », a commencé Emmanuel Macron. Avant d’ajouter : « Il a toute ma confiance. Nous travaillons la main dans la main ». En effet, des rumeurs de tensions entre les deux têtes de l’exécutif circulaient à cette période. Sur sa lancée, le président de la République ouvrait son cœur.
« Quelqu’un peut-il imaginer la relation que j’ai nouée avec le Premier ministre depuis trois ans ? Nous ne nous connaissions pas. Nous étions tous deux des nouveaux venus. Nous avons appris à nous apprécier, à constater nos goûts, à travailler ensemble. Lui comme nous sommes heureux et fiers », a-t-il poursuivi. L’ancien banquier d’affaires chez Rothschild a conclu sa tirade en assurant qu’ils l’avaient fait “pour la France”. Ce à quoi ils avaient “trouvé une forme d’épanouissement personnel”. Un silence assourdissant s’est installé dans la salle. Emmanuel Macron et les convives attendaient une réponse aussi chaleureuse de la part du chef du gouvernement. Mais il n’en était finalement rien. Gêné, Edouard Philippe leur a simplement souhaité… un bon appétit.
Au lendemain de ce dîner, le 7 mai dernier, Edouard Philippe donnait une conférence de presse sur les détails du premier déconfinement. Alors que le Premier ministre répondait aux questions des journalistes, l’un d’entre eux en a profité pour mettre les pieds dans le plat et l’interroger sur de possibles tensions avec Emmanuel Macron. Franchement agacé, le chef du gouvernement n’a pas pris la peine d’enfiler des gants pour lui répondre.
« Dans les moments que nous vivons, en plein dans une crise sanitaire d’une ampleur considérable, passer plus de deux secondes à écrire, à parler, à s’interroger sur ce genre de sujets me laisse très circonspect », s’était-il emporté. « Je pense que nos concitoyens s’en contrefichent dans des proportions qu’à mon avis les journalistes politiques ne mesurent pas ». Il a, finalement, quitté Matignon le 3 juillet dernier.
Avec Gala.