Le Kenya prévoit de réintroduire certaines des hausses d’impôts qui ont déclenché des manifestations meurtrières plus tôt cette année, a annoncé le vendredi 1ᵉʳ novembre 2024 le gouvernement, alors qu’un nouveau vice-président a prêté serment après des semaines de drame.
Le président William Ruto a abandonné un projet de loi de finances impopulaire en juin après les manifestations.
Des groupes de défense des droits de l’homme ont accusé la police d’une répression brutale et illégale qui a conduit à la mort de plus de 60 personnes et à l’arrestation arbitraire de dizaines d’autres.
Mais le gouvernement kényan a désespérément besoin d’augmenter ses revenus alors qu’il est aux prises avec une dette d’environ 80 milliards de dollars.
Il a préparé trois nouveaux projets de loi sur les impôts et les finances, qui seront bientôt présentés au Parlement, et a envoyé une explication aux médias vendredi.
Plusieurs propositions du projet de loi de finances abandonné sont réintroduites, notamment des hausses de TVA et de nouvelles taxes sur le secteur numérique.
Dans ce dernier cas, les indépendants travaillant dans la livraison de nourriture et pour les applications de covoiturage (qui sont devenues des sources de revenus essentielles ces dernières années) devront payer l’impôt sur le revenu pour la première fois.
De telles hausses d’impôts risquent de provoquer des bouleversements dans un pays où un tiers de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.
M. Ruto devait prononcer un discours sur les impôts plus tard vendredi.
Nouveau député
Pendant ce temps, un nouveau vice-président, Abraham Kithure Kindiki, ancien ministre de l’Intérieur, a prêté serment vendredi.
Cela faisait suite à des semaines de drame autour de la destitution de l’ancien adjoint de Ruto, Rigathi Gachagua, qui a été accusé de politique de division ethnique.
Puissant homme d’affaires, Gachagua a aidé Ruto à remporter une élection très disputée en 2022 en ralliant le soutien de la région cruciale du mont Kenya, en particulier des membres de la tribu Kikuyu.
Mais il s’est brouillé de manière spectaculaire avec Ruto, notamment en montrant son soutien aux manifestations de cette année.
Kindiki, un universitaire et avocat de 52 ans, est également originaire de la région du Mont Kenya, riche en votes.
Il a défendu son patron devant la Cour pénale internationale lorsque Ruto a été accusé de crimes contre l’humanité pour les violences postélectorales de 2007-2008.
Dans son discours d’acceptation, Kindiki s’est décrit comme la « personne la plus improbable » pour prendre la vice-présidence, étant issu d’origines villageoises modestes.
« Le Kenya a permis à n’importe qui de devenir n’importe quoi dans ce pays. Je ne le prends pas pour acquis », a-t-il déclaré.
Kindiki a été critiqué pour son soutien à la police lorsqu’elle a été accusée d’usage excessif de la force lors des manifestations.
« Bienvenue dans l’équipe qui va transformer le Kenya en une grande nation », lui a dit Ruto lors de la cérémonie.
« L’échec n’est pas une option », a déclaré M. Ruto, énumérant ses plans pour se concentrer sur l’amélioration de l’enseignement supérieur, des soins de santé, de l’agriculture, du logement et plus encore.
© AVEC AFP