Dans le cadre de l’enquête antiterroriste sur l’assassinat, trois jours plus tôt de Samuel Paty, un enseignant de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) décapité à proximité du collège où ce dernier enseignait, a appris l’AFP de source judiciaire, quinze personnes dont quatre collégiens étaient en garde à vue lundi 19 octobre après-midi. Un des élèves a été relâché parmi les suspects.
L’enseignant d’histoire-géographie du collège de Conflans-Sainte-Honorine aurait été «désigné» à l’assaillant, Abdoullakh Anzarov «par un ou plusieurs collégiens, a priori contre une rémunération», selon une source proche du dossier. Les gardes à vue visent donc à déterminer les responsabilités éventuelles des collégiens en la matière, selon la même source.
Un des gradés à vu a « déjà été condamné pour des faits de terrorisme et (…) a déclaré spontanément aux enquêteurs avoir été en lien avec l’auteur quelques temps avant les faits». L’entourage familial avec les parents, le grand-père et le petit frère de l’assaillant, avaient été interpellés à Évreux. Est également questionné le père de l’élève qui a appelé à la mobilisation contre l’enseignant ; il a été interpellé à Chanteloup-les-Vignes, rapporte Sputnik.
L’homme qui l’avait accompagné au collège pour se plaindre du professeur et avait interviewé sa fille dans une vidéo, le militant islamiste Abdelhakim Sefrioui, actif en France depuis le milieu des années 2000, ainsi que la compagne de celui-ci, tout comme trois personnes ayant été en contact avec l’agresseur, qui se sont présentées spontanément au commissariat d’Évreux vendredi soir, sont aussi en garde à vue. Selon une source proche du dossier, une de ces personnes est soupçonnée d’avoir convoyé l’assaillant et une autre de l’avoir accompagné lors de l’achat d’une de ses armes.
Abdoullakh Anzorov avait été tué de neuf balles par des policiers à 200 mètres du lieu de son crime. Il s’en était pris au professeur car ce dernier avait récemment montré des caricatures de Mahomet à ses élèves de 4e dans le cadre d’un cours sur la liberté d’expression. Plusieurs proches ont déclaré en garde à vue que la radicalisation d’Abdoullakh Anzorov datait d’il y a «quelques mois à plus d’un an» et son entourage familial a indiqué aux enquêteurs qu’Anzorov avait «évoqué la polémique» visant le professeur mais pas son passage à l’acte à venir. L’élève dont le père a appelé à la mobilisation contre l’enseignant faisait bien partie d’une classe à laquelle ce dernier a dispensé un cours sur la liberté d’expression le 6 octobre, mais cette élève était absente ce jour-là, toujours selon la source proche du dossier. La veille, le lundi 5 octobre, Samuel Paty, «avait fait ce cours à une autre 4e, à laquelle la fille n’appartient pas. La polémique avait commencé dès le lundi».