Place Saint-Georges, hier à 14 heures. Alors que les Gilets jaunes sont rassemblés à Jean-Jaurès, encadrés par les forces de police, à 1 km à vol d’oiseau, une quarantaine de commerçants veulent dire leur ras-le-bol de voir reprendre le mouvement jaune.
« La plupart d’entre nous sont dans une situation catastrophique », dit l’un d’eux. Sur la place, toujours privée de ses terrasses de restaurants, une banderole « Stop à l’irresponsabilité des usurpateurs en jaune » a été déroulée. « Ce ne sont pas des Gilets jaunes, ce mouvement a été récupéré par des extrémistes qui sont contre tout, qui manifestent depuis 18 mois, qui viennent casser.
Mais nous, on n’en peut plus, on sort de deux mois de confinement, on est à l’agonie et tout ce qu’ils trouvent, c’est revenir en centre-ville », s’exclame Antoine Nori, commerçant à Victor-Hugo. Trois Gilets jaunes provoquent, en criant : « Les commerçants exploitent les travailleurs ! ». Un commerçant hausse le ton : « Mais vous n’en avez pas marre de venir tous les samedis, vous détruisez des emplois, nous les petits commerces, on paie nos impôts en France, allez taper sur les géants du commerce en ligne si vous voulez vous défouler » Une femme, caméra en main et qui se dit « liveuse » (filmeuse en direct), monte sur un plot en bord de rue et diffuse la manifestation sur Internet, en la commentant.

Elle est interpellée vivement par les commerçants, et leur répond : « Vous êtes sur la voie publique, j’ai le droit de vous filmer ! ». Des Gilets jaunes font irruption par la rue de la Pomme, et chantent « On est là ! Même si Macron ne veut pas nous, on est là » Ils sont dispersés immédiatement par des policiers, sous les applaudissements des commerçants, qui chantent à leur tour : « Tout le monde aime la police ! ». Le maire, Jean-Luc Moudenc, fait une apparition « de soutien » de quelques minutes, mais reste en marge du rassemblement, à une quarantaine de mètres. « Il connaît notre désespoir.
Nous vivons sous respirateur artificiel actuellement, avec des charges reportées, des prêts. Il est resté à l’écart, pour ne pas attiser les rancœurs », commente Jean-Marc Martinez, président de la Fédération des commerçants. Avant de conclure, après un appel à la dispersion par la police nationale, dès 14 h 30 : « Ce n’était pas une manifestation, on est restés peu nombreux et on a fait passer notre message. Maintenant, on retourne travailler, car on est vraiment heureux de rouvrir et de retrouver les Toulousains dans nos boutiques. »