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Intelligence artificielle : Eric Adja plaide pour un partenariat euro africain

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A la suite de la publication en mars 2020 de la nouvelle stratégie Afrique de la Commission européenne qui met l’accent sur le changement climatique et la transformation numérique, Dr Eric ADJA, Président de l’Agence francophone pour l’intelligence artificielle (AFRIA), basée à Paris, plaide en faveur d’un partenariat euro-africain de l’intelligence artificielle.

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« Celui qui réalisera une percée marquante en intelligence artificielle dominera le monde », a affirmé le Président russe Vladimir Poutine, lors d’une conférence sur les nouvelles technologies à destination des étudiants russes, en septembre 2017. Ainsi, l’intelligence artificielle progresse rapidement et devient un véritable outil de puissance. Ceci vaut autant pour le hard power (applications militaires) que pour le soft power (impact économique, influence politique et culturelle, etc.). Les États-Unis et la Chine dominent le marché et imposent leur pouvoir. L’Europe est à la traîne et cherche à réagir en émettant de nouvelles réglementations. Quant à l’Afrique, elle est devenue un terrain d’affrontement pour les « empires digitaux ».

Ainsi, en matière d’investissement dans le domaine du numérique, la Chine poursuit son expansion en Afrique, devenant le premier partenaire commercial de l’Afrique devant la France et les États-Unis. Plusieurs groupes industriels et start-ups chinois spécialisés dans les télécoms ou les smartphones ont signé des accords avec certains gouvernements africains.

La Chine n’exporte pas seulement ses technologies, elle diffuse également ses standards et son modèle de société. Les réactions outre-Atlantique ne se sont pas fait attendre, avec la contre-offensive des géants américains du numérique que sont les GAFAM. Ainsi, Google a récemment lancé son premier centre de recherche sur l’IA dans la capitale ghanéenne.

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Selon le rapport Villani remis au Gouvernement français en mars 2018, les mastodontes actuels de l’intelligence artificielle (États-Unis et Chine) et les pays émergents de la discipline (Israël, Canada et Royaume-Uni notamment) se développent ou se sont développés sur des modèles parfois radicalement différents. Ce n’est pas forcément grâce à un « Google européen » que la France et l’Europe pourront se faire une place sur la scène mondiale de l’IA. Elles doivent pour cela inventer un modèle spécifique. Ce modèle pourrait-il consister en des partenariats stratégiques et géopolitiques autour des données et de l’intelligence artificielle ?

Si l’on en croit Nicolas Miailhe, au milieu de la bataille pour le leadership numérique mondial qui oppose aujourd’hui les Etats-Unis à la Chine qui disposent d’industries mondiales que n’a pas l’Europe, l’on pourrait imaginer une troisième voie : « la solution pour l’Afrique, mais aussi pour l’Europe, ne peut que passer par un partenariat stratégique. L’Afrique y a intérêt pour s’offrir un modèle de développement qui lui ressemble. L’Europe aussi, car si nous laissons les Américains ou les Chinois prendre en main le cyberespace africain, nous leur donnons les clés du destin de l’Europe ».

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Ces questions paraissent pertinentes et opportunes, notamment dans le contexte actuel de négociations d’un nouvel accord entre l’Afrique, les Caraïbes et le pacifique (ACP) et l’Union européenne (UE), vingt ans après l’adoption de l’accord de Cotonou, signé en 2000. Plus précisément, dans le cadre du Partenariat Afrique-UE, cadre officiel de dialogue, de travail et de coopération entre l’Union européenne (UE) et le continent africain, qui vise à « rapprocher l’Afrique et l’Europe en renforçant la coopération économique et en promouvant le développement durable ainsi que la coexistence des deux continents dans la paix, la sécurité, la démocratie, la prospérité, la solidarité et la dignité humaine ».

Dans ce contexte, n’y aurait-il pas matière pour l’Europe et l’Afrique de tracer une voie originale, celle d’un partenariat euro africain de l’intelligence artificielle ? Quels en seraient les enjeux, opportunités et défis, notamment en matière de lutte contre l’immigration clandestine, de changement climatique, de sécurité globale et de réalisation des objectifs de développement durable (ODD) ? Pour sa part, la France pourrait-elle en prendre utilement l’initiative, notamment dans le cadre de son engagement dans la lutte pour la sécurité au Sahel ?